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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 16.1890 (Teil 2)

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https://doi.org/10.11588/diglit.25870#0224

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L’ART.

196

sur l’art byzantin, d’hypothèses plus ou moins légitimes
sur son origine et son développement est vraiment extraor-
dinaire ; d’autant plus extraordinaire qu’on dirait vraiment
qu’il est connu. Or, avant de faire cette synthèse, il aurait
peut-être fallu commencer par une analyse un peu plus
profonde des monuments; il aurait même été indispen-
sable de les réunir. N’en déplaise à ceux qui s’occupent

spécialement d’art byzantin, cette branche de l’archéologie
ne nous paraît pas beaucoup plus avancée que ne l’était
la connaissance de l’art du Moyen-Age en l’an de
grâce 1820. A part de bons travaux sur l’architecture,
qu’avons-nous comme recueils de monuments? Rien ou à
peu près rien. Les choses en sont à ce point que, en
dehors des miniatures des manuscrits qui portent dans le

Coffret d'ivoire daté de l’an 355 de l’hégire (9 6 5 de notre ère).
(Musée des Arts décoratifs.) •— (Gravure extraite de : Un Empereur byzantin au Xe siècle. Nicèphore Phocas.)

texte qui les accompagnent leur certificat d’origine, on en
est encore à se demander, en face de bien des monuments,
s’ils sont byzantins ou non. Même pour les manuscrits, il
faudrait faire un choix et ne pas les citer à tort et à travers
comme on le fait; séparer soigneusement ceux qui offrent
réellement un intérêt artistique de ceux qui ne sont que
des œuvres sans valeur, de fabrique pour ainsi dire. Le
même choix est à faire et se fait, avec toute justice, pour

les manuscrits occidentaux ; pourquoi ne pas en agir de
même avec les grecs? C’est grâce à ce système de critique
défectueux que l’on est arrivé à faire entrer dans l’esprit
de tout le monde que l’art byzantin était un art purement
hiératique, tout à fait figé ; si bien que byzantin est à peu
près synonyme d’horrible. Oui, cet art est un art hiéra-
tique et tout à fait fini, si nous le considérons dans ces
maigres figures de saints, aux gestes raides et maladroits,

La Nativité.

Miniature du Me'nologe du Vatican, écrit aux" siècle pour l’empereur Basile II. (Gravure extraite de : Un Empereur byzantin

au Xe siècle. Nicèphore Phocas.)




l

qui recouvrent tant d’œuvres religieuses, en particulier
des ivoires sculptés ; mais peut-on croire que ces monu-
ments soient autre chose que la menue monnaie de l’art
de cette époque, ce que sont les bons dieux que l’on débite
rue Saint-Sulpice à la sculpture contemporaine? Même en
admettant les étroites formules du Guide de la peinture, il
y a parfaitement place pour des compositions vivantes,
animées, tout autres que ces longues théories de saints,
copiées et recopiées pendant des siècles par des ouvriers
ignorants.

Notre humble avis est que jusqu’ici on a fait dans
l’histoire de l’art byzantin une trop large place à l’élément
religieux. Cela a l’air, au premier abord, d’un paradoxe,
mais pour peu qu'on y voudra réfléchir, nous croyons
qu’on n’hésitera pas à reconnaître la justesse de notre
observation. L’art du Moyen-Age est avant tout un art
religieux, cela est vrai ; mais tandis qu’en Occident on a
pu dire que jusqu’au xne siècle il n’avait existé aucune
conception de l’art en dehors du sentiment religieux, il
n’en a pas été de même en Orient. Alors qu’il n’y avait
 
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