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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 16.1890 (Teil 2)

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https://doi.org/10.11588/diglit.25870#0226

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L’ART.

198

est clair qu’on ne peut demander à des figures exprimées
en émail cloisonné la même souplesse qu’à des sculptures,
à des motifs d’ornement, à des animaux tissés dans des
étoffes la pureté de dessin que l’on peut exiger d’une
miniature. Il serait même mauvais au point de vue artis-
tique que la technique fit de tels progrès que l’ouvrier ou
l’artiste n’eussent plus à tenir compte de la matière. Nous
le voyons de reste dans nos modernes tapisseries dans
lesquelles on s’efforce d’atteindre toutes les délicatesses,
pour ainsi dire tous les sous-entendus de la peinture à

l’huile. Mais à qui fera-t-on croire que les gens qui ont
dessiné les admirables lions que l’on voit sur l’une des
étoffes dont on trouvera ici la reproduction étaient des
artistes d’un génie étroit? Ce ne sont pas des lions de
Barye assurément, mais les lions de Barye feraient piteuse
mine sur une étoffe et ceux de Byzance, au point de vue
décoratif, sont proches parents des lions d’Assyrie. La
facilité avec laquelle les Byzantins se sont assimilé une
foule de motifs, une quantité de façons d’envisager les
choses au point de vue pittoresque, dont les Orientaux

Armée arabe du Moyen-Age. Porte-étendard et musiciens.

Miniature d'un manuscrit arabe de la collection de M. Ch. Schefer. Gravure extraite de : Un Empereur byzantin au Xe siècle. Nicëphore Phocas )

sont les premiers inventeurs, aurait dû, dès longtemps, à
notre avis, ouvrir les yeux des archéologues. Un art mort,
enfermé dans un canon étroit, n’a plus l’estomac néces-
saire pour digérer une nourriture aussi différente de son
génie; un art capable de faire des emprunts à droite et à
gauche est un art vivant. Voilà ce que l’on ne saurait trop
répéter. Allez étudier les admirables verreries du trésor de
Saint-Marc, passez en revue la série des coffrets en ivoire
ou en os, qui offrent des sujets mythologiques, des scènes
de la vie du Cirque, et vous me direz si les artistes qui ont
créé ces merveilles étaient des artistes mort-nés. Chez eux
le mysticisme le plus étroit et le culte de l’antiquité clas-

sique ont fait bon ménage. D’aucuns trouveront peut-être
que c’est une faiblesse. Pour notre part nous les en remer-
cions; il est si bon en plein Moyen-Age de revivre un
instant avec les Grecs et même les Romains, si décriés
aujourd’hui et auxquels nous devons cependant beaucoup
du meilleur de nous-mêmes!

Nous n’ajouterons qu’un mot : nous souhaitons que
M. Schlumberger puisse poursuivre cette étude du plus
curieux des empires du Moyen-Age et qu’il trouve tou-
jours des éditeurs qui tiennent autant à honneur de faire
de beaux et de bons livres.

Emile M o l 1 n 1 e r .
 
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