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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 16.1890 (Teil 2)

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Michel, Émile: Le musée de Brunswick, [2]
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LE MUSÉE

DE BRUNSWICK1

(fin)

Les premières acquisitions des tableaux et des objets
d’art que possède aujourd’hui le Musée de Brunswick
remontent à la seconde moitié du xvne siècle. En 1691,
ce fonds primitif était déjà assez important pour que le
duc Antoine Ulric fît construire le château de Salzdahlum
afin d’y exposer convenablement les collections qu’il avait
réunies et que ses successeurs s’appliquèrent à augmenter.
Le catalogue publié en 1779, par le conservateur de la
galerie, Eberlein, mentionne 1,129 tableaux, et à la fin du
siècle dernier leur nombre s’élevait au moins à i,5oo.
Mais, pas plus que Gassel, Brunswick ne devait être à
l’abri des spoliations ordonnées par Napoléon Ier. La plus
grande partie des curiosités et les meilleures des peintures
triées par Denon furent, en 1806, transférées à Paris.
Dans ce qui avait été épargné, le roi Jérôme fit de nou-
veaux choix, destinés à orner ses résidences. Enfin, en 1811,
quatre cents tableaux environ furent encore vendus aux
enchères. Aussi, malgré le zèle que déployèrent, en 1815
et 1816, les commissaires envoyés pour exercer leurs
revendications, les dommages subis pendant cette période
ne purent être tout à fait réparés. D’autres pertes encore
s’y ajoutèrent par suite de la négligence avec laquelle,
jusqu’à ces derniers temps, les collections étaient sur-
veillées 2 * *.

Malgré l’étendue de ces pertes, la Galerie de Brunswick
reste encore une des plus intéressantes de l’Allemagne.
Elle abonde, comme celle de Cassel, en productions de
l’école hollandaise. Là aussi Rembrandt apparaît en
maître, et, à côté de lui, les peintres qui l’ont précédé ou
ceux qui ont subi son influence figurent avec honneur dans
cette collection, à laquelle ils donnent une physionomie
particulière. Peut-être l’école italienne a-t-elle eu plus
spécialement à souffrir des déprédations que nous avons
signalées. Il est certain qu’il ne reste plus guère pour la
représenter aujourd’hui que quelques copies de tableaux
connus, quelques ouvrages de la décadence, et aussi, en
très petit nombre, plusieurs œuvres de valeur, mais qui,
dans leurs pérégrinations et leurs déplacements successifs,
ont, pour la plupart, subi de graves atteintes. Parmi ces
dernières, un portrait attribué à Giorgione, tout détérioré
qu’il est, paraît encore digne de ce maître par son grand
aspect et sa magnifique coloration. En revanche, Y Adam
et Eve, que le Catalogue, d’accord avec Rumohr et Waa-
gen, attribue également à Giorgione, est maintenant, à
juste titre, considéré comme étant de Palma Vecchio. On
y trouve, avec un certain empâtement des formes que
Palma a rarement évité, une largeur et une simplicité de
parti que, bien rarement aussi, il a atteintes à ce degré. La
chasteté et la grâce naturelle de ces deux grands corps nus,

1. Voir l Art, 168 année, tome II, page 199.

2. Le déficit s’élève à environ 600 tableaux, parmi lesquels on

trouve portés sur d anciens inventaires: quatre Corrège, plusieurs

Raphaël, un Michel-Ange, etc.

la noble simplicité de leur attitude, l’éclat des chairs, qui
s’enlèvent avec force sur les vigoureuses intonations du
fond, tout fait de cette belle œuvre une des meilleures
inspirations du maître auquel est due la célèbre Sainte
Barbe de Santa Maria Formosa, à Venise.

Les Français ne sont guère mieux partagés que les Ita-
liens. Nous ne nous arrêterons pas aux soi-disant Poussin,
pas plus qu’aux prétendus Watteau, mais nous donnerons
un regard à cette Diane entourée de ses nymphes, de
B. Van Loo, et à ces deux Vestales de Raoux, qui nous
montrent, sous des travestissements alors à la mode, les
belles dames de ce temps. De pareilles mythologies n’au-
raient pas été de saison avec cette grosse commère à che-
veux gris, haute en couleur et d’expression tout à fait
commune, qui, dans son riche vêtement de soie à fleurs
et brochée d’or, semble une parvenue endimanchée. La
dame, cependant, est de haute lignée ; des fleurs de lis sont
brodées sur son manteau doublé d’hermine, et une cou-
ronne est posée à côté d’elle. Pour être de Rigaud, le por-
trait n’est pas flatté ; mais la peinture est franche, et ce
visage hardi et rubicond répond assez à l’idée que nous
pouvions nous faire de cette Charlotte de Bavière, la
seconde femme de Monsieur, celle qui succéda, piquant
contraste! à la charmante Henriette d’Angleterre et dont
Saint-Simon nous a raconté les rudes boutades et les gros
appétits.

Parmi les Allemands, nous ne trouverons guère à citer
que Holbein, et encore n’est-ce pas pour les portraits assez
faibles et plus que douteux qui figurent sous son nom,
mais bien pour le dessin d’une Vierge avec l’Enfant
Jésus, qui peut être compté parmi les plus beaux qu’ait
tracés sa plume. C’est également dans la série des portraits
qu’il nous faut étudier les Flamands et les Hollandais,
sans trop chercher au début les différences qui, plus tard,
devaient s’accuser entre les deux écoles. Tout d’abord se
présente à nous une petite tête aux yeux expressifs, de
physionomie très vivante, modelée par de légers frottis,
mais de ce dessin serré, exact, un peu dur à force d’être
précis, qu’on rencontre dans toutes les écoles dès les pre-
mières apparitions de la peinture. Attribuée naguère à
Martin Van Veen, l’œuvre doit être restituée à Lucas de
Leyde et représente même son propre portrait. Avec le
catalogue, nous inclinons également à reporter à Antonio
Moro la belle et mâle peinture qui, sans plus de vraisem-
blance pour le nom de l’artiste que pour celui du modèle,
passait autrefois pour le portrait de Ihomas Morus, par
Holbein. Frans Floris a signé et daté un Fauconnier de
rude visage et de rude exécution aussi, mais plein de vie
et bien supérieur aux froides et ambitieuses compositions
que nous connaissons de ce maître. Nos lecteurs pourront
eux-mêmes apprécier l’excellence de cet important ou-
vrage, grâce à la fidèle reproduction que nous en mettons
sous leurs yeux. Le personnage que nous montre Pourbus
 
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