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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 16.1890 (Teil 2)

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Audebrand, Philibert: Pages d'histoire contemporaine: les salonniers depuis cent ans
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https://doi.org/10.11588/diglit.25870#0279

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LES SALONNIERS DEPUIS CENT ANS.

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Cependant il se mettait à rôder autour des journaux. Dès ses premières pages, écrites sous la
forme épistolaire, on fut à même de deviner que cet excentrique ne tarderait pas à attirer
l'attention des esprits d’élite. Ancien officier de la Grande Armée, mis à l’écart par les Bourbons,
ce n’était d’abord qu’un plaisantin exhalant ses antipathies politiques par toute sorte de boutades.
Il débutait par des tronçons de pamphlets à la manière de Paul-Louis Courier, dont il avait
parfois la verve moqueuse. Pour s’essayer, il s’échappait en contes hardis et bientôt il se
signalerait par deux grands romans, le Rcuge et le Noir, puis, par la Chartreuse de Parme, ce
récit d’amour si compliqué dont H. de Balzac s’est montré jaloux, ainsi qu’on le voit en relisant
la Revue Parisienne. Mais avant tout, mais par-dessus tout, cet humoriste allobroge cachait en
lui un critique d'art de haute volée. En musique, grand faiseur de brochures, il fut l’un de ceux
qui contribuèrent le plus à acclimater en France le maestro Rossini, trop longtemps contesté.
En fait de peinture, il mettait sans hésitation l’école italienne en première ligne, disant qu’aucune
autre n’était de force à l’égaler. C’est
ce qu’on voit par ses premiers opus-
cules d’un ton très âpre. C’est ce que
proclament aussi les deux curieux
volumes de lui, intitulés : Promenades
dans Rome. C’est ce qu’il a répété
plus tard dans sa Correspondance avec
Prosper Mérimée, lorsqu’après i83o, il
était consul à Civita-Vecchia.

Ainsi H. Beyle (Stendhal) était un
écrivain de race. Sur la fin de la Res-
tauration, il a fait un Salon au Cour-
rier Français, l’un des périodiques les
plus lus à cette époque. Comme idéal
du beau il y invoquait sans doute Ra-
phaël; mais, en plus d’une circonstance,
au Sanzio il préférait le Corrège comme
donnant une idée plus exacte de la
forme humaine. Partant de là, il jugeait
donc les vivants, et toujours d’après
ces deux grands morts. Il a aimé gran-
dement aussi Prud’hon, le Dijonnais,
lequel était encore une des coqueluches
de Paris, il y a soixante-dix ans. Il ne
voulait point qu’on peignît pour ne Honoré de Balzac.

rien dire, car il assimilait un tableau à

un livre ouvert où tout le monde devait trouver à lire. Et, au fait, si l’art ne doit pas enseigner,
à quoi sert-il? Il a beaucoup contribué au succès qu’a obtenu le Serment des trois Suisses, de
M. Steuben, tableau sur lequel Mme Amable Tastu, une des Saphos du parti libéral, a fait aussi
quelques jolis vers. En écrivant ces sentences, Stendhal n’avait, du reste, voulu être qu'un
Salonnier anonyme. Il ne signait ses articles que d’une initiale et c’était, d’ailleurs, la mode du
temps : ne pas se montrer, un peu par pudeur, un peu aussi afin d’avoir plus d’autorité.

Attendez! l’ère des temps calmes est sur le point de se fermer. La France s'entête à réélire
221 députés du côté gauche qui déplaisent à la cour. A la suite de cet antagonisme, un point
noir se montre tout à coup à l’horizon pour éclater bientôt en foudres et en tonnerres ; c’est la
Révolution des Trois Jours. Charles X tombe, entraînant dans sa chute Louis-Antoine XIX, son
fils, et Henri V, son petit-fils, et tous trois partent tristement pour Holy-Rood. Mais laissons là,
s’il vous plaît, la politique dont nous n’avons à parler ici qu’au point de vue de la chronologie.
Ne voyons que la cause de l’art. Ah ! ce qu’on appelle l’art, dans toutes ses manifestations, il
 
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