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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 16.1890 (Teil 2)

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Audebrand, Philibert: Pages d'histoire contemporaine: les salonniers depuis cent ans
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https://doi.org/10.11588/diglit.25870#0281

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LES SALONNIERS DEPUIS CENT ANS.

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du Midi à Paris, en compagnie de deux camarades non moins exaltés que lui-même : MM. Granier
de Cassagnac père, et Burat de Gurgy. Tous trois accouraient afin de travailler aux trouées que
faisaient un peu partout M. Victor Hugo et sa bande hardie. Dans l'origine, le néophyte s’était
posé en apprenti romancier. Deux ou trois promenades d’oisif à travers les Musées l'ayant rempli
d’enthousiasme, un autre sens se révélait tout à coup en lui; il s’improvisait critique. « Avant
tout, je suis un prêtre de l’art, se disait-il; voilà ma vraie vocation. » Et, en effet, ce fut lui,
qui, dans la nouvelle feuille si brillante, fit le compte rendu du Salon de 1833.

Pour commencer, en manière de préambule, il avait écrit une Etude sur Louis David. Notez,
s’il vous plaît, qu'il y a cinquante-cinq ans ce grand nom était encore environné d'une sorte
d’auréole. On avait pu voir là dedans un panégyrique, mais avec de nombreuses réserves. Le
jeune Français d’outre-mer reconnaissait, lui aussi, dans l’auteur du Léonidas un artiste de haute
taille, ce qu’on appelle un maître, mais il demandait expressément qu'après avoir posé l'idole
dans une niche, on passât aux jeunes qui sont
arrivés après lui. Il était temps, en effet, de
passer à sa descendance, moins Spartiate,
c’est-à-dire moins rigide et moins étroite dans
ses procédés de composition. En même temps,
il désignait du doigt Prud'hon, Géricault, le
baron Gros; puis, pour s'occuper du temps
où l’on était, il arrivait d’un saut à ceux qui
fixaient l’attention de la foule, à MM. Ingres,

Paul Delaroche, Horace Vernet, Alexandre
Decamps et Eugène Delacroix.

A une époque où tout était passion,

M. Louis de Maynard établit un parallèle entre
M. Ingres et M. Horace Vernet; c’est une
sorte de duel. A son gré, tous deux sont de
grands artistes, mais doués de qualités diffé-
rentes et presque contradictoires. Au bout de
vingt lignes, on ne tarde pas à voir que le
jeune écrivain, aisément séduit par les appa-
rences, donnera la préférence à Horace Vernet,
mais en proclamant bien haut que l’auteur du
Saint Symphorien est un travailleur hors ligne,
comparable aux plus beaux génies qui ont
brillé au delà des monts, pendant la Renais-
sance. Seulement il l’accuse hautement de
n’avoir pas à'homogénéité avec son époque, ce
qui veut dire que M. Ingres ne se soucie pas assez du temps où il vit ni du milieu où il respire.
Qu'a-t-il fait jusqu’à 1833 ? Le Sire de Pastoret, l’Odalisque, Henri IV et l’ambassadeur
d’Espagne, le Vœu de Louis XIII, l’Arétin et le Tintoret, YŒdipe, le Plafond d’Homère, des
figures du passé, de l’archéologie. S’il a des rapports avec notre âge, c’est à cause de quelques
portraits de contemporains. Eh! sans doute, tout cela touche presque à la perfection, mais cela
confine aussi au bric-à-brac, et ce n’est pas donc pas la vie.

Il passe de là à Horace Vernet, alors encore jeune, et il ne lui ménage pas les éloges, allez!
En voilà un qui est homogène avec nous ! Avez-vous vu ses Chasses au bois, dans les plaines,
dans les marais? Avez-vous vu ses grands Chiens liés, déliés, dispersés ou pendus en grappes aux
flancs des bêtes fauves, et ses chevaux libres ou bondissant, ou captifs et mordant le frein, tantôt
échappés par la prairie, tantôt pressés par les chasseurs, et ses Chasseurs, habillés de rouge,
sous l’ombre des forêts, dans les roseaux, autour d’immenses feux? Avez-vous vu son Ma\eppa
assailli par des loups qui hurlent? Avez-vous vu son aïeul, Joseph Vernet, le peintre des marines,

Portrait de Gros par lui-même.
 
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