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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 16.1890 (Teil 2)

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Audebrand, Philibert: Pages d'histoire contemporaine: les salonniers depuis cent ans
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https://doi.org/10.11588/diglit.25870#0282

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25o

L’ART.

attaché au mât d'un navire pour ne rien perdre de la tempête et balancé sur les flots en furie?
Avez-vous vu son Édith, la ravissante Edith au cou de cygne et aux longs cheveux roux? Et son
atelier de Rome où peintres et seigneurs le contemplent? Et son lubrique Holopherne, endormi
dans la volupté, nageant tout à la fois dans le plaisir et dans la mort? Et son Raphaël en face
du pape Léon X et de sa cour d’artistes? Avez-vous vu ses Adieux de Fontainebleau, l’aigle qui
s'incline et l'empereur vaincu qui s’en va? Avez-vous vu sa bataille de Jemmapes, aurore de la
première République, sa bataille de Hanau, sa bataille de Montmirail, sa bataille de Bouvines,
c’est-à-dire la République, l'Empire et la Royauté? Cet Horace Vernet, il a tout fait! Il a remué,
à lui seul, plus de poésie et de drame que tous ses contemporains à la fois! Il a obéi à toutes
les fantaisies de l’art. Toutes les Muses l’ont aimé. Et, en 1833, bien entendu, on ne savait pas
combien il ferait encore de grandes pages, sans compter la Chasse au lion en Afrique et cette
toile cyclopéenne qui s'appelle la Smala d’Abd-el-Kader, un travail épique, assurément. Bref, le
jeune Salonnier ne s’arrête pas de louanger et ce qui le captive surtout, ce sont les chevaux que
produit l’infatigable artiste. « Des chevaux, dit-il, Horace Vernet en a fait sortir de sa tête à
peupler des haras de princes; des soldats à recomposer des armées. On lui fait un reproche. On
dit que sa peinture est lascive ou sanglante, et toujours outrée. Eh bien, après? Elle est homo-
gène avec notre littérature courante, avec nos goûts, nos mœurs, nos fièvres, et il n’y a que les
Catons rechignés qui puissent se plaindre de ses brillants défauts. »

Encore une fois, sans nier le mérite d’Ingres, M. Louis de Maynard exalte au plus haut

point Horace Vernet, et, un peu plus tard, il aura plus d’encens à brûler encore sous les narines
d’Eugène Delacroix, et ce sera toujours très sincère. Pauvre Louis de Maynard! Doué d’éminentes
qualités, armé d’un talent qui donnait de superbes espérances, il ne devait vivre que peu de
temps. A très peu de distance, étant retourné aux Antilles, il eut, à Saint-Pierre de la Martinique,
je ne sais quelle frivole querelle avec un jeune colon de ses amis. Les deux fous convinrent de

se battre, non à l’épée ni au pistolet, mais au fusil, à vingt-cinq pas, et il fut tué sur place.

Philibert Audebrand.

(A suivre.)
 
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