Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 16.1890 (Teil 2)

DOI Artikel:
Gabillot, Cyrille: Le musée Guimet et les religions de l'Extrème-Orient
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.25870#0286

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
L’ART.

204

dans la personne de l’Angiras. Dans les derniers Hymnes
apparaissent certaines personnifications abstraites qui
montrent l’influence croissante d’une sorte de caste sacer-
dotale, telles sont Vdc, la parole sainte : « L’oiseau Gan-
dharva emporte en son cœur la parole sainte, qu’il répétait
déjà dans son berceau, parole brillante et fortunée que les
sages gardent dans le séjour de Rita »,puis Bralimanaspati,
le seigneur de la prière, Brahman, la prière personnifiée.
La société aussi se transforme; les chefs deviennent rois.
Au temps des parties les plus récentes de l’Atharva-Vêda,
la période védique peut être considérée comme close.

Mais avant de quitter le livre des Hymnes, nous devons
dire encore qu’au simple point de vue littéraire, il est loin
d’être sans mérite. On y trouve bien des petits chefs-
d’œuvre; certains morceaux ont vraiment la fraîcheur des
descriptions de la Bible ; dans d’autres, rien n’égale la
magnificence avec laquelle est célébrée la gloire d’Indra.
Une figure poétique entre
toutes est celle d’Oushas, l’au-
rore, charmante fille du ciel,
sur laquelle le regard des dieux
s’arrête avec amour ; Oushas a
toutes les grâces et toutes les
beautés :

« Oushas se dévoile ainsi
qu’une femme couverte de
parures. Elle semble se lever
et se montrer à la vue comme
une femme qui sort du bain...

Telle qu’une femme jalouse de
plaire, l’heureuse fille du ciel
déploie ses formes devant les
hommes. Elle a tissu la plus
belle des toiles, et, toujours
jeune , elle précède à l’Orient
la grande lumière. »

Il y a dans ces Hymnes un
air de jeunesse qui séduit. On
dirait que ceux qui les ont
chantés sentaient plus vive-
ment que nous ce qu’il y a de
beau et de charmant dans la
nature. Mais ce serait une
erreur de croire, avec quelques-
uns, que ces hommes étaient
des pasteurs ignorants et pri-
mitifs. La littérature des
Hymnes est née assurément
dans une société qui n’était
pas sans culture.

Brahmane et Bràhmine. — Fragment de char de Karikal.
(Musée Guimet, n° "2324.)

III

PÉRIODE BRAHMANIQUE1

Nous franchissons, à partir du temps moyen des
Hymnes, un intervalle d’une dizaine de siècles, et nous
nous transportons au ive siècle avant notre ère. Les Aryas
se sont avancés vers l’Est et la conquête du nord de l’Inde,
entre l’Himalaya et les monts Vindhya, est achevée; c’est
dans le bassin du Gange qu’est le centre de la civilisation
brahmanique.

1. On peut consulter : Le Code des lois de Manou, traduction
Loiseleur-Delongchamps, 1833, 2 volumes. — Sur les Oupanishads :
Un travail de M. M. P. Reynaud sur les principales Oupanishads :
Matériaux pour servir à l’histoire de la philosophie de l’Inde (fasci-
cules 28 et 34 de la Bibliothèque de l’École des Hautes-Études,
1876-78). — La Bibliotheca Indica a publié de bonnes éditions des
Oupanishads avec commentaires et quelques-unes avec traductions.

Cette période de l’histoire de l’Inde ne nous est qu’im-
parfaitement connue. Les documents qui s’y rapportent
sont de la main des Brahmanes et ne nous disent pas tout.
Ce sont principalement : les Brdhmanas, traités sur le
rituel, et où sont conservées en outre de nombreuses
légendes sur les dieux et des spéculations théologiques et
autres ; les plus anciennes des instructions religieuses
appelées Oupanishads, où l’on retrouve les idées philoso-
phiques de ce temps, et enfin le Manava-Dlianna-Çastra,
ou recueil de lois attribué à Manou, le législateur my-
thique de la race aryenne. A ces livres, dont l’âge est assez
difficile à déterminer, mais dont les idées sont certaine-
ment antérieures au ive siècle avant notre ère, il faut
ajouter les parties les plus récentes des Vêdas.

La constitution des castes est et restera jusqu’à nos
jours la base de l’ordre social. La caste privilégiée entre
toutes est celle des prêtres ou Brahmanes, descendants des

familles où s’étaient perpétuées
les traditions du culte; la se-
conde est celle des Kshatryas
ou guerriers, formant une
sorte d’aristocratie militaire.
Vient ensuite celle des Vaicyas,
agriculteurs ou marchands, et
enfin, bien au-dessous des trois
autres, la caste des Coudras,
artisans ou domestiques, re-
crutée probablement parmi les
indigènes vaincus. Le maintien
de l’intégrité des anciennes
familles, la conservation de la
pureté de la race, qui assurait
la parenté avec Agni, préoccu-
paient déjà les Aryas védiques,
chez lesquels le respect des
ancêtres tenait une grande
place. De cette préoccupation
naquit l’organisation des castes
lorsque la soumission de l’Inde
septentrionale eut dispersé le
nombre relativement faible des
vainqueurs au sein de la masse
des vaincus. Cette organisation
était déjà en vigueur à l’époque
de l’Atharva-Vêda; plus tard,
lorsqu’elle eut reçu la consé-
cration du temps, on lui attri-
bua une institution divine ;
c’est ce que prouve le code de
Manou qui fut tenu comme révélé et prit place, parmi les
livres sacrés, immédiatement après les Vêdas.

« Pour la propagation de la race humaine, est-il dit
dans le code de Manou, le Souverain maître produisit de
sa bouche, de son bras, de sa cuisse et de son pied, le
Brahmane, le Kshatrya, le Vaiçya et le Coudra.

« Il donna en partage au Brâhmane l’étude et l’ensei-
gnement des Vêdas, l’accomplissement du sacrifice, la
direction des sacrifices offerts par d’autres, le droit de
donner et celui de recevoir.

« Il imposa pour devoir au Kshatrya de protéger le
peuple, d’exercer la charité, de sacrifier, de lire les livres
sacrés et de ne pas s’abandonner aux plaisirs des sens.

« Soigner les bestiaux, donner l’aumône, sacrifier,
étudier les livres saints, faire le commerce, labourer la
terre sont les fonctions du Vaiçya.

« Mais le Souverain maître n’assura au Coudra qu’un
seul office, celui de servir les classes précédentes sans
déprécier leur mérite. »
 
Annotationen