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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 16.1890 (Teil 2)

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Gabillot, Cyrille: Le musée Guimet et les religions de l'Extrème-Orient
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https://doi.org/10.11588/diglit.25870#0289

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LE MUSÉE GUIMET ET LES RELIGIONS DE L'EXTRÊME-ORIENT.

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monde. Il est le chef des Esprits malfaisants. C’est le dieu
de la folie, et, revêtu de la peau d’un éléphant, dépouille
d’un démon vaincu, ilmèneladanse
sauvage du Tàndava. C’est le dieu
des combats, et il porte le tambour
de guerre. C’est le patron des
ascètes, il va nu comme eux, ses
longs cheveux tressés et ramenés
sur le sommet de la tête. Il trône
sur le Kaildsa, montagne fabu-
leuse, où il commande aux Yakshas
et à une foule d’autres génies. C’est
une figure très vivante, quoique
monstrueuse, que celle de ce dieu.

On lui donne pour épouse la
déesse de la vie et de la mort, qui
a comme lui beaucoup de formes
et de noms ; elle s’appelle du nom
général de Dêvî, la déesse, ou
Mahd-Dévi, la grande déesse; sous
sa forme bienfaisante, elle est
Oumd, la gracieuse; Gauri, la bril-
lante ; Bhavani, épouse de Bhava ;
comme déesse de la destruction,
elle est Kâli, la noire, la cruelle ;

Dourgd, l’inflexible; Bhairavi, la
terrible ; alors elle exige comme
son redoutable époux des sacrifices
sanglants. Elle personnifie aussi la
terre, sous le nom de Prithivi ou
Pdrvali.

Çiva et Prithivî ont pour fils le dieu à tête d’éléphant,
G an ê ça (le chef des troupes), l’inspirateur des ruses et des
bons conseils, qui deviendra le dieu de la sagesse et de la

science, le patron des
lettres et des lettrés, et
qui est mentionné ou
invoqué en tête de pres-
que tous les livres ; le
rat et le crocodile lui
sont consacrés. Çiva a
un autre fils, Skanda
ou Kàrtikeya ou Sou-
bramanhya, le dieu de
la guerre, qu'il fit naître,
selon la légende, de son
œil de cyclope pour
détruire le géant Soura-
Parama ; avec l’épée
que lui donna son père,
Skanda coupa en deux
le corps du géant; l’une
des parties se changea
en coq, l’autre en un
paon qui devint la mon-
ture du dieu.

Vishnou, le rival de
Çiva, personnifie dans
les Hymnes l’énergie
solaire; il n’y joue ce-
pendant qu’un rôle se-
condaire, et c’est sous
d’autres noms que le
soleil est une divinité
suprême. Dans les
Brâhmanas, il n’a pas
beaucoup plus d’importance, quoiqu’il traverse en trois
pas les trois mondes : le ciel, la terre et les enfers. Ce

n’est que dans la grande épopée du Mahâ-Bhârata qu’il
commence à occuper le premier rang; mais, en même
temps, il est identifié avec un héros,
Krishna, considéré comme une
incarnation de son essence divine,
de sorte qu’on est fondé à penser
que c’est Krishna qui a fait la for-
tune de Vishnou. Krishna, figure
inconnue aux Vêdas, est vraisem-
blablement, comme Râma,unhéros
des temps fabuleux de l’Inde, de-
venu une divinité locale, peut-être
le dieu de quelque puissante tribu
râdjpoute et adopté ensuite par les
Brahmanes. Son culte paraît être
assez ancien : selon toute appa-
rence, c’est lui qu’il faut voir dans
l’Héraclès dont l’ambassadeur Mé-
gasthèneàtrouva le culte répandu
sur les bords du Gange, à la fin du
ive siècle avant notre ère 1.

Quoi qu’il en soit, Vishnou,
dans les religions sectaires, a pour
mission de veiller au salut du
monde; c’est ce qu’il fait du haut
de son paradis le Vaikounta, où il
- trône avec son épouse Cri ou
Lakshmi, déesse de la beauté et de
la volupté. Il est identifié avec
Nârdyana, l’aîné des êtres ; couché
sur le serpent Çésha ou Ananta,
symbole de l’éternité, il apparaît à l’origine des choses,
flottant sur les ondes chaotiques ; de son nombril sort un
lotus d’or d’où procède Brahma, le créateur. Son origine
solaire est rappelée par
quelques-uns des attri-
buts qu’on lui donne,
par le Çakra ou Vajra,
disque tranchant de
tous côtés, symbole de
la foudre ou du soleil;
par l’oiseau Garouda,
sa monture ordinaire,
qui a la tête et les serres
d’un aigle et le corps
d’un homme; par la
fleur de lotus2, Padma,
qu’il tient dans l’une de
ses quatre mains. Il
porte habituellement
aussi l’arc Çdrnga, une
massue et un glaive, la
conque victorieuse Çan-
klia, et a sur la poitrine

1. Chandragoupta, chef
de la dynastie des Mauryas,
s’e'tant, après la retraite
d’Alexandre, rendu maître
de tout le nord de l’Inde,
entretint des relations avec
Séleucus Nicator et épousa
une fille de ce dernier. Le
Grec Mégasthène suivit la
jeune princesse à Patali-
poutra (Patna), capitale de
Chandragoupta ; il a décrit
les mœurs des Indous; sa
relation ne nous est pas
parvenue, mais nombre
d’historiens postérieurs, Strabon entre autres, en citent des extraits.

2. Le lotus est un symbole solaire. Voir plus loin.

Ganéça, dieu de la Science. Argent massif.
(Musée Guimet, n° 3945.)


Karttikéya ou Skanda, dieu de la Guerre.
Granit indou. (Musée Guimet, n° 5364.)
 
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