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Bulletin de la Société pour la Conservation des Monuments Historiques d'Alsace — 2.Sér. 20.1902

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Danzas, H.: Notes sur Bergehim, le château de Reichenberg et Thannkirchen
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https://doi.org/10.11588/diglit.24775#0316

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294 —

l’institution du marché de Bergheim. Les braves femmes qui y portent
leurs fruits et leurs légumes le mercredi ne savent guère, ne tiennent
même pas beaucoup à savoir que ce fut ainsi réglé une fois pour toutes
par un vieil évêque, il y a huit à neuf cents ans.

Le plus curieux privilège de la ville de Bergheim est le droit d’asile
qu’elle possédait déjà d’ancienneté lorsqu’il lui fut confirmé par le même
Léopold IL Cet usage, qui opposait quelque tempérament aux mœurs
violentes des temps féodaux, en arrêtant les vengeances privées, les
rigueurs précipitées et irréparables, et qu’une ordonnance de Louis XIV
abolit dans son royaume lorsqu’il n’avait plus de raison d’être, a été propre
à nombre d’autres villes en Alsace, mais nulle part il ne reçut une orga-
nisation aussi parfaite. Il pouvait être invoqué par les individus poursuivis
pour homicide et pour quelques autres délits, mais non sans condition.
Il fallait, pour être admis à la sûreté, une décision du corps de ville, qui
suivait en cela des règles précises. L’homicide devait être excusable,
exempt de préméditation et de la volonté de donner la mort. L’asile
encore était une sauvegarde pour les débiteurs en butte à des poursuites
trop rigoureuses; mais la preuve leur était demandée qu’ils fussent
devenus insolvables par suite de malheurs et non par leur faute. Pour
une durée de 82 ans1, comprise entre 1530 et 1667, dont les registres de
déclarations existent, on trouve 752 suppliques de réfugiés appartenant à
toutes les classes de la société. Sont accueillies favorablement 744
demandes, et 8 sont rejetées. La sûreté s’accordait pour cent ans; mais
c’est là une de ces évaluations imaginatives dans le tour d’esprit de nos
aïeux. En pratique cette faveur était provisoire; son objet, dit M. Bernhard,
n’était pas de soustraire indéfiniment le prévenu à l’action de la justice,
mais de lui laisser le temps de préparer sa défense et d’entrer en
arrangement avec l’offensé. On ne trouve en effet dans les archives aucun
indice que ceux qui viennent se réfugier à Bergheim s’y établirent défi-
nitivement, et que l’asile ait été converti en droit de bourgeoisie. Le statut
des réfugiés, en leur prescrivant de résider dans une auberge publique,
prouve au contraire qu’ils étaient considérés comme étrangers à la ville.
On ne se figure pas trop en effet que personne s’aille loger pour cent ans
dans une auberge.

Jusqu’à nos temps il s’était conservé à Bergheim un symbole matériel
et plaisant de cette institution secourable. C’était, en bas-relief, la figure
d’un individu qui retourne malicieusement sa personne vers des gens qui

1. En plusieurs fois : 1530 à 1587; 1611 à 1632; 1662 à 1667.
 
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