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L’artiste fut entendu, et on lui versa, à la fin de l’année
1789, une somme de 4,200 livres; le surplus, une somme
égale, lui était encore dû le 28 juillet 1791, et j’ignore s’il
la toucha jamais.
Mais du moins peut-on établir très exactement, en exa-
minant la Fontaine des Innocents, la part qu’apporta Pajou
à sa décoration. Comme l’avait pressenti M. Lemonnier,
il fit mouler le bas-relief de Jean Goujon qui orne l’œil-
de-bœuf de la cour du Louvre, au-dessus de la porte de
l’ancienne salle des Antiques. Il en demanda l’autorisa-
tion le 11 octobre 1787^, et, le 14 novembre, d’Angiviller
envoya son consentement par ce court billet adressé à
Pierre1 2 : « M. Pajou m’avoit prévenu dans le mois der-
nier de son désir très louable de faire mouler une des
figures de Jean Goujon, placées au-dessus de la porte de
la salle des Antiques, afin de se pénétrer mieux de la
manière de l’artiste à côté duquel il a à se placer, en
complétant la superbe fontaine des Innocents. »
On a parlé, à propos de ce travail, de stratagème3; l’ac-
cusation est entièrement imméritée. L’emprunt a été fait
au vu et au su de tous, avec le consentement des auto-
rités, et j’estime qu’il n’y avait pas de meilleure manière
de se rapprocher du modèle qu’il s’agissait d’imiter
en le complétant. Un artiste consciencieux ne saurait
employer d’autre méthode.
Quoi qu’il en soit, on saura désormais, par le plus
autorisé des témoignages, que Pajou sculpta trois bas-
reliefs de Naïades pour compléter, à la demande de la
ville de Paris, l’œuvre fameuse de Jean Goujon.
M. Léon Rosenthal analyse un article oublié de Fro-
mentin, sur le Salon de i845, paru dans la Revue orga-
nique des provinces de l’ouest. Cette critique, dont M. Ro-
senthal a donné ailleurs un résumé et des extraits4,
1. Archives nationales, O1 19195, n° 245.
2. Ibid., O1 1180, n° 568.
3. Henri Jouin, Jean Goujon, p. 52.
4. Revue de l’Art ancien et moderne, t. XXVIII, p. 365-38o
(10 nov. 1910).
L’artiste fut entendu, et on lui versa, à la fin de l’année
1789, une somme de 4,200 livres; le surplus, une somme
égale, lui était encore dû le 28 juillet 1791, et j’ignore s’il
la toucha jamais.
Mais du moins peut-on établir très exactement, en exa-
minant la Fontaine des Innocents, la part qu’apporta Pajou
à sa décoration. Comme l’avait pressenti M. Lemonnier,
il fit mouler le bas-relief de Jean Goujon qui orne l’œil-
de-bœuf de la cour du Louvre, au-dessus de la porte de
l’ancienne salle des Antiques. Il en demanda l’autorisa-
tion le 11 octobre 1787^, et, le 14 novembre, d’Angiviller
envoya son consentement par ce court billet adressé à
Pierre1 2 : « M. Pajou m’avoit prévenu dans le mois der-
nier de son désir très louable de faire mouler une des
figures de Jean Goujon, placées au-dessus de la porte de
la salle des Antiques, afin de se pénétrer mieux de la
manière de l’artiste à côté duquel il a à se placer, en
complétant la superbe fontaine des Innocents. »
On a parlé, à propos de ce travail, de stratagème3; l’ac-
cusation est entièrement imméritée. L’emprunt a été fait
au vu et au su de tous, avec le consentement des auto-
rités, et j’estime qu’il n’y avait pas de meilleure manière
de se rapprocher du modèle qu’il s’agissait d’imiter
en le complétant. Un artiste consciencieux ne saurait
employer d’autre méthode.
Quoi qu’il en soit, on saura désormais, par le plus
autorisé des témoignages, que Pajou sculpta trois bas-
reliefs de Naïades pour compléter, à la demande de la
ville de Paris, l’œuvre fameuse de Jean Goujon.
M. Léon Rosenthal analyse un article oublié de Fro-
mentin, sur le Salon de i845, paru dans la Revue orga-
nique des provinces de l’ouest. Cette critique, dont M. Ro-
senthal a donné ailleurs un résumé et des extraits4,
1. Archives nationales, O1 19195, n° 245.
2. Ibid., O1 1180, n° 568.
3. Henri Jouin, Jean Goujon, p. 52.
4. Revue de l’Art ancien et moderne, t. XXVIII, p. 365-38o
(10 nov. 1910).