Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Diehl, Charles
Byzance: grandeur et décadence — Paris, 1920

DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.42859#0176
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
168

BYZANCE

des petits tenanciers : par des moyens divers, par
l’intimidation ou par la force, ils usurpent sur les
terres de leurs voisins pauvres, ils obligent ceux-ci
à leur vendre à vil prix leurs biens, ils s’annexent
ou s’inféodent la petite propriété libre. Et ainsi, en
même temps qu’entre les personnes se créent des
liens d’étroite dépendance, d’énormes domaines se
constituent au profit de seigneurs tout-puissants.
Dès les derniers temps de l’empire romain, et
davantage encore à l’époque de Justinien, on cons-
tate en Orient ce double phénomène. Dans les No-
velles impériales du vie siècle, il est sans cesse ques-
tion de ces grands propriétaires, de ces puissants
seigneurs, véritables tyrans féodaux, dont les atten-
tats sur les personnes et les terres troublent profon-
dément, surtout dans les provinces asiatiques, le
bon ordre de la monarchie. Maîtres de domaines
immenses, entourés de clients innombrables, entre-
tenant à leurs gages des troupes d’hommes d’armes,
ces grands seigneurs, sans scrupules et sans crainte,
ravageaient le pays, molestaient et opprimaient les
particuliers, usurpaient à leur fantaisie sur les terres
d’autrui, sans épargner celles de l’Eglise ni même
celles de l’empereur, bravant audacieusement les
lois et l'autorité impuissante des gouverneurs impé-
riaux, faisant régner dans les provinces un désordre
et une agitation perpétuels, créant pour la monarchie
un danger redoutable. Ecrasées par ces pillages et
ces usurpations — dont bien souvent les agents
mêmes de l’administration prenaient leur part — les
provinces se vidaient d’habitants, les campagnes
étaient désertes, l’agriculture à l’abandon, l’impôt
rentrait mal ; et sur leurs domaines les grands
seigneurs résistaient parfois ouvertement à l’autorité
publique.
Vainement Justinien s’était efforcé de porter
remède à ces misères et de conjurer ces périls : tous
 
Annotationen