LE PÉRIL RELIGIEUX
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Orgueilleux, hautain, ne doutant jamais de lui-même,
« semblable en sa démarche à un dieu marchant à
travers le ciel », intelligent avec cela et curieux de
toutes choses, il n’était ni accommodant ni souple;
mais il était courageux, tenace en ses projets, impla-
cable en ses haines ; s’il a trouvé des ennemis
acharnés, il a rencontré aussi des amis dévoués et
fidèles; et sa personnalité puissante s’est imposée
fortement au peuple de la capitale. En face d’un empe-
reur faible, on juge de ce que pouvait un tel homme.
Et en effet, pour se faire plus grand, il ne craignit
pas de déchaîner en 1054 le schisme contre Rome et
de le faire accepter, sous la menace de l’émeute, à
l’empereur hésitant. Grisé de sa victoire, il fut alors,
pendant cinq ans, l’arbitre suprême des affaires publi-
ques. C’est lui qui en 1056 installa sur le trône
Michel VI et consolida son pouvoir, lui qui, un an
après, imposa l’abdication au même empereur, lui
qui fit réussir à Constantinople la révolution qui
porta au trône Isaac Comnène. Tout plein « de
l’amour du pouvoir et du désir de commander à tous »,
ayant « la prétention, comme dit Psellos, de remuer
d’un froncement de ses sourcils le ciel et l’Olympe, »
Ceroularios entendit dominer le nouveau maître —
l’empereur qu’il avait fait — comme il avait dominé
son prédécesseur. On l’a accusé de vouloir « réunir la
royauté et le sacerdoce », de « décréter impériale-
ment », de convoiter la puissance suprême. En tout
cas, il ne craignit pas de porter des sandales de
pourpre, insigne traditionnel du pouvoir suprême,
« déclarant que c’était un privilège du sacerdoce ».
Le conflit était ouvert entre le patriarcat et l’empire.
Ceroularios, se sentant soutenu par le peuple, dont
la rupture avec Rome lui avait gagné toute la sym-
pathie, menaçait, exigeait, s’emportait en violences :
« il prédisait la chute de l’empereur, disant en un
langage trivial et populaire : « Je t’ai élevé, imbécile,
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Orgueilleux, hautain, ne doutant jamais de lui-même,
« semblable en sa démarche à un dieu marchant à
travers le ciel », intelligent avec cela et curieux de
toutes choses, il n’était ni accommodant ni souple;
mais il était courageux, tenace en ses projets, impla-
cable en ses haines ; s’il a trouvé des ennemis
acharnés, il a rencontré aussi des amis dévoués et
fidèles; et sa personnalité puissante s’est imposée
fortement au peuple de la capitale. En face d’un empe-
reur faible, on juge de ce que pouvait un tel homme.
Et en effet, pour se faire plus grand, il ne craignit
pas de déchaîner en 1054 le schisme contre Rome et
de le faire accepter, sous la menace de l’émeute, à
l’empereur hésitant. Grisé de sa victoire, il fut alors,
pendant cinq ans, l’arbitre suprême des affaires publi-
ques. C’est lui qui en 1056 installa sur le trône
Michel VI et consolida son pouvoir, lui qui, un an
après, imposa l’abdication au même empereur, lui
qui fit réussir à Constantinople la révolution qui
porta au trône Isaac Comnène. Tout plein « de
l’amour du pouvoir et du désir de commander à tous »,
ayant « la prétention, comme dit Psellos, de remuer
d’un froncement de ses sourcils le ciel et l’Olympe, »
Ceroularios entendit dominer le nouveau maître —
l’empereur qu’il avait fait — comme il avait dominé
son prédécesseur. On l’a accusé de vouloir « réunir la
royauté et le sacerdoce », de « décréter impériale-
ment », de convoiter la puissance suprême. En tout
cas, il ne craignit pas de porter des sandales de
pourpre, insigne traditionnel du pouvoir suprême,
« déclarant que c’était un privilège du sacerdoce ».
Le conflit était ouvert entre le patriarcat et l’empire.
Ceroularios, se sentant soutenu par le peuple, dont
la rupture avec Rome lui avait gagné toute la sym-
pathie, menaçait, exigeait, s’emportait en violences :
« il prédisait la chute de l’empereur, disant en un
langage trivial et populaire : « Je t’ai élevé, imbécile,