Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 1.1859

DOI Heft:
Nr. 1
DOI Artikel:
Viardot, Louis: Ut pictura musica
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.16986#0025

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
GAZETTE DES BEAUX-ARTS. 21

soumission au dogme, qui fit de l'art comme une seconde création, n'était
pas chose nouvelle dans le monde. Déjà l'on avait vu les Grecs anciens,
disciples de la vieille Egypte et de la vieille Assyrie, traiter leurs maîtres
précisément comme les Italiens de la Renaissance traitèrent depuis les
Byzantins. Quand, au milieu du choc des races de l'Europe contre les races
de l'Asie, l'esprit d'examen et la raison devenue maîtresse d'elle-même,
réagissant contre le sacerdoce et la théocratie de l'Orient, créèrent à la
fois la constitution libre de la cité et la philosophie plus libre encore ;
quand à l'immobilité séculaire succéda la perpétuelle agitation des faits et
des idées, l'art suivit ce mouvement, fraya sa route et conquit aussi son
indépendance. On vit d'abord Dédale et ses élèves animer peu à peu, par
l'action des membres, les figures mortes des hiéroglyphes de l'Egypte,
jusque-là purs symboles, simples caractères de l'écriture sacrée. L'école
d'Égine continua cette œuvre de vie et de liberté en s'avançant toujours
de plus en plus du symbole vers l'idéal; enfin le grand temple d'Olympie,
au centre de la Grèce, vit s'élever dans son sanctuaire, au lieu de l'Anubis
à tête de chien ou de l'Osiris à tête de faucon, le Jupiter olympien de
Phidias, dont le visage auguste, où rayonnait la bonté non moins que la
puissance, offrait le modèle achevé du vrai beau, de ce beau si admira-
blement défini par saint Augustin, splendo?- boni.

C'est dans le grand mouvement des xme, xive et xve siècles, dans cet
immense travail de l'esprit humain qu'on appelle la Renaissance, lorsque
la science des anciens remise au jour, d'abord par les Arabes, puis par les
Grecs du Bas-Empire, fait naître l'esprit de discussion et met en question,
sur tous les points, la science catholique, lorsque l'on commence à com-
prendre les mots de libre examen, de liberté civile, de dignité humaine,
c'est alors que reparaissent enfin l'indépendance et la personnalité de l'ar-
tiste. Ce que Nicolas de Pise fit le premier pour la statuaire, Giotto le fit
bientôt après pour la peinture. Citoyen d'une république, né dans la pau-
vreté, et devant tout à son génie, le petit pâtre de Vespignano pouvait
aller plus loin que ne l'avaient conduit les leçons de son maître Cimabué.
Per dono di Dio, comme dit Vasari, il abandonna l'imitation servile des
Byzantins pour prendre ses modèles dans la nature; il laissa le symbole,
le dogme, la croyance commune, pour la création personnelle de sa pen-
sée, de son âme. Avec lui, l'art fit une première irruption victorieuse dans
la foi ; avec les successeurs de Giotto , il alla sans cesse agrandissant son
domaine, et, dès Raphaël, sans sortir des sujets religieux, il était devenu
maître tout-puissant. Si l'on compare à la madone bizantine cette Vierge
à la Chaise, belle comme devait l'être la Vénus Anadyomène d'A pelle,
élégamment parée comme une hétaïre grecque , et qui lève sur le specta-
 
Annotationen