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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 1.1859

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Nr. 2
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Darcel, Alfred: Arts industriels de l'antiquité et du Moyen Âge, [1]: les mosaïques
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https://doi.org/10.11588/diglit.16986#0087

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GAZETTE DES BEAUX-ART S.

83

nées réellement certaines et historiques, mais du travail de la pensée chré-
tienne agissant sur elle-même et sur les artistes qui se sont successivement
efforcés de la traduire d'une façon visible et tangible. Les premiers siècles
chrétiens et la renaissance étaient trop voisins de l'art antique, les uns
par le temps, les autres par l'imitation, pour avoir pu exprimer cette
pensée dans toute sa pureté, et, s'il fallait donner une préférence aux
types chrétiens de l'une des deux époques, c'est vers ceux de la seconde
que nous pencherions. Ses artistes étaient les héritiers, à degrés divers,
de ceux du moyen âge, et certains d'entre eux ont travaillé sur les mômes
types qu'ils ont développés, transformés, améliorés même, si l'on veut,
mais de telle façon qu'il existe une filiation non interrompue entre les
modèles fournis par les artistes inconnus du moyen âge et leurs glorieux
héritiers de la renaissance.

Ainsi, le type du Christ de la Dispute du Saint-Sacreynent est plus
voisin des christs sculptés ou peints dans les cathédrales de France ou
d'Italie au xme siècle, que des christs sculptés ou peints sur les sarco-
phages et clans les catacombes, et les derniers venus se rapprochent
beaucoup plus de l'idéal évangélique, que le philosophe imberbe ou le
jeune pasteur des premières représentations chrétiennes.

Ce fait s'explique d'abord par la tradition païenne qui s'imposait
aux artistes malgré eux, quand ils s'appliquaient à réaliser le type du
Christ, puis par l'ignorance absolue où l'on était de sa vraie figure. C'est
même une chose curieuse que de voir les raisons où s'appuient ceux qui,
dans les premiers siècles, ont discuté sur la figure du Sauveur. Les pro-
phéties : voilà le fondement de toutes les argumentations, la pierre angu-
laire de tous les systèmes que l'on a bâtis assez haut pour en faire des
hérésies. Le Christ était-il beau, était-il laid? Pour répondre à cette
double question, comme les évangélistes sont muets, comme il n'y avait
pas plus de tradition sur les particularités physiques de la personne de
Jésus-Christ que s'il n'eût jamais existé, on eut la singulière idée de
recourir aux passages des prophètes que l'on croyait avoir le plus spécia-
lement entrevu sa personne, avant le temps, dans le délire de l'extase.
,«... Il paraîtra aussi sans gloire devant les hommes et dans une forme
méprisable aux yeux des enfants des hommes, » dit Isaïe, ch. lit, v. 14.
Voilà sur quoi se fondent ceux qui veulent que le Christ ait été laid,
comme saint Justin (mort en 167), saint Clément d'Alexandrie (217), et
Tertullien (245). Mais on lit aussi au Psaume xliv. « Vous surpasserez en
beauté les enfants des hommes; n et saint Jérôme (420), saint Chrysos-
tôme (407), saint Ambroise (387), saint Augustin (430), saint Jean Da-
mascène (756), y voient une raison pour que le Christ ait été beau, tandis
 
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