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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 1.1859

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Nr. 2
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Saglio, Edmond: De nos relations avec l'art allemand
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https://doi.org/10.11588/diglit.16986#0103

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

et la pureté, qu'aux monuments les plus parfaits de tous les pays. Enfin
si nous avons ouï dire qu'après un sommeil de deux cents ans, le génie
artiste s'est réveillé en Allemagne, combien peu parmi nous ont vu ce qu'il
a produit! Combien peu savent que ce pays est avec le nôtre aujourd'hui,
celui où l'art déploie le plus de puissance et de grandeur!

Les Allemands, de leur côté, ne nous connaissent pas mieux. On serait
fort surpris, en France, et un peu humilié sans doute, si l'on y apprenait
comment nos voisins nous jugent, quelles idées ils se font de nos goûts et
de nos sentiments en matière de beaux-arts et sur quelles œuvres ils
prennent notre mesure. Il n'est pas besoin de faire beaucoup de chemin
au delà du Rhin, pour savoir à quelle limite s'arrête l'essor de ce que nous
appelons les grandes réputations. Quelles confusions, que de méprises
grossières ou même quelle ignorance absolue, dès qu'on a tourné une
montagne ou traversé une rivière ! On fait alors un retour salutaire sur sa
propre ignorance et on se reproche ses injustices involontaires ; on se pro-
met de rapporter, s'il se peut, dans son pays des souvenirs plus durables
que les impressions d'un rapide voyage; on voudrait faire connaître tour
à tour à la France les noms et les œuvres dont l'Allemagne s'honore, et à
l'Allemagne quels sont ceux que nous tenons pour nos véritables gloires;
on sent enfin ce qu'un échange continuel entre deux peuples de génies si
différents, qui s'avancent avec une égale ardeur dans les voies de l'art et
de la pensée, apporterait à l'un et à l'autre de lumières nouvelles et d'en-
couragement.

C'est ce courant régulier que la Gazette des Beaux-Arts a voulu éta-
blir, et elle a compté trouver en Allemagne l'aide et la sympathie qui lui
sont nécessaires. Ce n'est pas chose facile, à la vérité, que d'obtenir des
artistes de ce pays un effort pour se mettre en lumière. Ils ne répondent
pas volontiers aux avances qu'on leur fait. Nous nous en sommes trop
aperçus à l'Exposition universelle de 1855; car nous serions étrangement
abusés si nous pensions nous faire une juste idée de la valeur des écoles
allemandes, par leurs rares envois à cette exposition. Ni Overbeck, ni
Hess n'y figuraient, ni Veit, ni Bendemann, ni Lessing, ni Rethel, ni
tant d'autres ; l'école de Dusseldorf était tout entière absente ; Cornélius
et Kaulbach représentaient seuls, par quelques cartons, l'art aujourd'hui
en honneur à Munich et à Berlin; Steinle, dans une peinture estimable,
et dans un dessin excellent, il est vrai.; Fiïhrich, dans quelques crayons
que personne ne songeait à chercher au détour d'un escalier, donnaient
une idée trop insuffisante de leur talent élevé et pur. Mais ne croyons pas
que les artistes allemands se montrent indifférents seulement à notre
égard, parce que nous sommes loin, parce que nous sommes étrangers,
 
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