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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 1.1859

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Nr. 2
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Saglio, Edmond: De nos relations avec l'art allemand
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https://doi.org/10.11588/diglit.16986#0104

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

inconnus pour eux, ou, ce qui est plus grave, mal connus. Dans leur pays
môme, leur nonchalance pour tout ce qui se passe à une petite distance
est extrême. Je parle des plus hauts placés dans l'estime du public : est-ce
crainte, est-ce dédain de l'opinion? Ces poètes, ces érudits, ces philo-
sophes, dont l'ambition est si noble, qui se font de leur mission une idée
si sublime, qu'ils ne s'y croient jamais assez bien préparés, ne se lassant
pas de chercher du secours dans la méditation, amassant des matériaux
sans relâche, vivent si doucement au milieu de leurs savantes concep-
tions et de leurs poétiques rêveries qu'ils redoutent d'en sortir. Leur
main ne suit qu'avec peine leur pensée. Ils ne goûtent pas dans le labo-
rieux effort de l'enfantement la joie de l'artiste créateur, qui a senti son
idée prendre corps et tressaillir en lui, qui lui a donné la lumière et la
contemple enfin dans une forme vivante. Pour eux cette création n'est
qu'une mise en œuvre pénible, le métier, le côté prosaïque de l'art; et la
publicité est une épreuve à laquelle ils se résignent plutôt qu'ils ne la
recherchent.

Telle est la tendance générale de l'art moderne de l'Allemagne, et
cette tendance est trop conforme à l'esprit de la nation, à toutes les habi-
tudes de sa vie intellectuelle pour qu'on puisse s'attendre à la voir chan-
ger bientôt. Cependant parmi les artistes contemporains, plus d'un com-
prend à présent que la forme pittoresque n'est pas une enveloppe dans
laquelle il doit enfermer après coup une pensée abstraite ; il en est même
qui n'ont pas dédaigné de venir apprendre l'emploi des moyens matériels,
dans les pays où on ne les considère pas comme une partie secondaire de
l'art. Les encouragements des souverains, dont plusieurs sont des ama-
teurs très-éclairés, les déplacements fréquents des hommes de talent qui
ont exécuté de grands travaux dans les principales villes, enfin et surtout
le zèle des associations connues sous le nom de Kunstvereine commen-
cent à triompher de l'apathie ou de la sauvagerie des artistes.

Les Kunstvereine tiennent peut-être aujourd'hui dans leurs mains
l'avenir de l'art allemand. Nous comptons exposer ici, d'après des docu-
ments certains, l'histoire et la situation actuelle de ces associations qui
ressemblent à nos Sociétés des amis des arts, mais qui sont plus puissantes,
plus actives et plus fécondes. Elles ont été fondées d'abord dans quelques
grandes villes, puis leurs cercles se sont agrandis; ils se croisent main-
tenant en tous sens, et ont fini par envelopper dans leur réseau tous les
pays de la confédération germanique, ainsi préparés peu à peu à ne plus
voir dans le domaine de l'art qu'une seule nationalité. Cette année même,
les hommes qui dirigent ces sociétés ont remporté une éclatante victoire.
L'exposition qui a eu lieu à Munich a été vraiment due à la persévérance
 
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