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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 1.1859

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Nr. 4
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Mantz, Paul: Fra Angelico de Fiesole
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https://doi.org/10.11588/diglit.16986#0197

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194 G tZETTE DES BEAI \- \i: l s.

trop longtemps dédaignés, de la fin du xiv" siècle el de la première moi-
tié du \\r. On s'est épris, d'abord sans les bien connaître, de ces conti-
nuateurs de Giotto, qui, en essayant de débarrasser l'art des rigides
traditions l>\ zantines, ont reflété dans leur œuvre exclusivement religieuse
la sérénité inaltérée de leur conscience et de leur foi. Le progrès desétudes
historiques a fait Je reste : l'intelligence s'est agrandie, les barrières qui
séparaient les écoles et les époques sont successivement tombées; l'impar-
tialitéest presque devenue de l'indifférence, et l'on a vu émerger peu à peu
des ombres vagues de cette période qui n'est plus le moyen âge et qui n'est
pas encore la renaissance, les noms de Simone Memmi, deTaddeô Gaddi,
d'Orcagna, et, par-dessus tous les autres, celui du peintre austère dont un
livre récemment paru 1 nous invite à dire un mot, le bienheureux Fra
Giovanni Angelico de Fiesole.

On prend soin de nous le rappeler tout d'abord : le pieux moine que
l'admiration des contemporains a décoré du surnom de frère Angélique,
n'est pas simplement un artiste, c'est aussi un théologien ; ce n'est pas
un peintre seulement, c'est un saint. 11 est certain qu'affilié de bonne
heure à un ordre illustre et savant, qui faisait de la prédication son
occupation quotidienne, il dut étudier le dogme dans ses raffinements les
plus subtils; il n'est pas moins vrai, d'un autre côté, que, s'il n'a point été
béatifié d'après la règle canonique, Fra Angelico fut en quelque sorte
canonisé par l'applaudissement unanime du xve siècle. Noble intelligence
d'ailleurs, âme douce et menant silencieusement son rêve, le religieux de
Fiesole a vécu dans une retraite laborieuse. Mais nous n'avons affaire ici
ni au théologien ni au saint. Ces qualités, si enviables qu'elles soient, ne
sont pas de notre domaine : le peintre nous occupera donc seul. A défaut
de l'auréole sacrée, le génie de l'artiste suffit à illuminer un front glorieux.

Fra Giovanni de Fiesole ne se nommait point Giovanni, et il n'était pas
de Fiesole. Les textes authentiques l'appellent Guido, ou Guido di Pietro,
en ajoutant à son nom le nom de son père. Enfant de la forte race toscane,
il était né en 1387, au bourg de Vecchio, dans la province de Mugello,
non loin du village où, plus d'un siècle auparavant, Giotto était venu au
monde. Des commencements du jeune artiste on ne sait rien, sinon ce
qu'en rapporte Vasari, c'est-à-dire que son père eût été assez riche pour
lui faire dans la vie une situation honorable et libre; mais le sentiment

1. Vie de Fra Angelico de Fiesole, de l'ordre des Frères prêcheurs, par E. (".ai-
lier. (Paris, in-8°. 1857; chez Mme veuve Poussielgue-Rusand, L'auteur de cette inté-
ressante monographie a mis à profil les recherches dont le 1*. Rfarchese a consigné les
résultats dans la seconde édition de son excellent livre, Memorie deipiit insigni pit-
tori, scùltori e architetti Domenicani Florence, 1854 .
 
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