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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 1.1859

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Nr. 4
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Mantz, Paul: Fra Angelico de Fiesole
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https://doi.org/10.11588/diglit.16986#0198

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GAZETTE I)ES BEAUX-ARTS.

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religieux s'étant éveillé en lui dès son enfance, Guido préféra aux joies
mondaines les austères délices de la pauvreté et de la dépendance, et, à
vingt ans, en 1/Ï07, il entra avec son frère Benedetto chez les Dominicains
de Fiesole. C'est alors que, changeant le nom qu'il avait dans le siècle,
il prit celui de Giovanni; l'année suivante, il revêtit l'habit blanc et
noir et prononça ses vœux ; dès lors, le jeune moine fut perdu pour le
inonde.

Mais il ne fut pas perdu pour l'art. Si les choses du ciel exerçaient sur
lui une attraction invincible, la loi mystérieuse de la beauté ne l'occupait
pas moins, et désormais, la recherche de l'idéal devint, avec l'œuvre de
son salut, le soin constant de sa vie. On ne dit pas quel fut son maître.
Quelques historiens, et entre autres Baldinucci, font de Fra Giovanni un
élève de Starnina, et comme ce dernier n'est mort qu'en 1403, le jeune
peintre de Vecchio a pu en effet travailler un instant sous le vieux Floren-
tin. Toutefois, comme Yasari n'en dit rien, il serait peut-être plus sage
de penser que Fra Giovanni s'est borné à étudier les fresques de Starnina,
sans connaître l'artiste lui-même. D'ailleurs, c'est surtout au couvent de
Fiesole qu'il a pu grandir dans le culte de l'art : il y avait alors dans cette
calme retraite des miniaturistes dont l'histoire n'a pas retenu les noms,
mains habiles autant que patientes qui enluminaient dévotement les livres
de chœur et les missels. Giovanni les vit travailler : d'abord il fit comme
eux; bientôt il les dépassa. L'emploi de ces naïves méthodes imprima à
son talent un caractère indélébile, et l'étude que nous aurons à faire de-
son œuvre montrera que, malgré ses qualités agrandies, Fra Giovanni
resta toujours fidèle aux enseignements des miniaturistes de Fiesole.

Mais, si désireux que fût le jeune Dominicain de demeurer oublié
dans la silencieuse maison où il s'était retiré, les événements extérieurs
l'obligèrent d'en sortir, et, par une fatalité qu'on peut considérer comme
heureuse, l'entraînèrent loin de la Toscane et en le mettant en rapport
avec des œuvres qu'il ignorait, lui révélèrent un art nouveau.

ïl est bon de rappeler qu'à l'heure où Fra Giovanni commençait la vie,
Je monde catholique, gouverné par deux papes à la fois, hésitait entre
Grégoire XII et Benoît X1IÏ. Cette situation était déjà suffisamment anor-
male, lorsque le concile de Pise, qui cependant croyait bien faire, s'avisa
de déposer les deux pontifes et de nommer Alexandre V à leur place.
Hélas ! le succès de ce coup d'État fut médiocre, car dès lors, au lieu de
deux papes, l'Église en eut trois. (1409.)

En ce violent conflit, qui fut l'une des calamités du siècle, les petites
républiques italiennes, les provinces, les municipalités, les ordres reli-
gieux, les familles et mêmes les consciences individuelles furent en proie
 
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