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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 1.1859

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Nr. 6
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Lagrange, Léon: L' atelier d'Overbeck
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https://doi.org/10.11588/diglit.16986#0337

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33/| G ^ZETTE DES BE \i \- MiïS.

allemands, quelque chose de dur el de \ algaire parfois dans la forme, et
je ne sais quel embarras do la pensée et de la main où se trahit L'imita-
tion obstinée d'une époque novice1 aux arts.

Il y a chez Overbeck deux partis pris bien accusés : le parti pris tu-
desque, et le parti pris catholique, ou plutôt mystique, dans le sens
le plus absolu du mot. Overbeck hait la chair, et il a peur de la nature.
Comme les mystiques du moyen âge, il voit dans la chair un scandale
vivant, et la nature à ses yeux est toujours sensuelle. Aussi ne consulte-
t-il jamais le modèle nu. De là une convention de formes et de mouve-
ments tout à fait analogue à la convention académique, et destinée à la
remplacer dans la peinture religieuse. Ainsi que la convention académique,
la convention catholique a fait école. Elle suffit aujourd'hui à défrayer un
nombre considérable d'artistes allemands ou français, qui, sans inspira-
tion propre, sans étude directe, sans but personnel, font de V'Overbeck,
de même qu'il y a trente ans ils auraient fait du David. Nous aimons
mieux, pour notre part, quand il s'agit de sujets religieux, cette conven-
tion catholique que la convention académique, mais nous les déplorons
l'une et l'autre. L'artiste ne doit pas voir à travers les lunettes de telle ou
telle école, de tel ou tel maître. Dans l'ordre réel, il doit regarder la
nature face à face et l'interroger selon son sentiment individuel. Dans
l'ordre idéal, il doit voir le beau, sans préoccupation ni parti pris de
nationalité ou de religion, à travers la transparence de son âme, parce
que son œuvre doit être l'expression de son âme. Si l'âme est religieuse,
l'œuvre le sera aussi ; la main saura trouver une forme, un dessin, une
couleur adéquate à la pensée. Mais si l'âme est païenne, l'artiste aura beau
appeler à son aide les procédés convenus de l'expression catholique, il ne
produira qu'une œuvre païenne, ainsi qu'il arrive à plus d'un écolâtre
d'Overbeck ou de Flandrin.

La grandeur d'Overbeck est dans sa foi. Catholique sincère, la foi lui
a fait produire des chefs-d'œuvre, quand la foi seule a conduit sa main.
Laissons de côté la part de gloire qui doit lui revenir d'une réforme à la-
quelle l'Allemagne a dû une vie artistique inconnue avant lui. Tel qu'il se
présente à nous dans son atelier, indépendamment de toutes les circon-
stances et réduit à sa seule individualité, Overbeck est un artiste qui
ferait honneur à tous les temps et à tous les pays. Entre les maîtres qu'il
a surpassés et ceux qu'il n'a pas atteints, sa gloire restera. On lui saura
gré de s'être tenu constamment dans les régions les plus élevées de
l'art, et d'avoir travaillé à perpétuer la tradition idéaliste. On lui saura
gré d'avoir dédaigné tout ce qui n'est qu'accidentel, passager, affaire
de caprice et de mode, et d'être allé d'abord frapper à cette porte de
 
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