DOI Heft:
Nr. 6
DOI Artikel:Burty, Philippe: Un nielle non décrit
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS. 3ii3
voient poindre à l'horizon ?... — Quelles hyménées étranges célèbre-t-on
par des festins, sous les arcades sombres de cette galerie décorée de guir-
landes?... Assise sur un pavois que portent sur leurs robustes épaules, des
hommes coiffés de heaumes inconnus, une sorcière aux seins flétris, lais-
sant flotter aux vents ses cheveux hérissés, élève à deux mains un grand
bassin où repose un cygne. Deux hérauts, nus comme elle, la précèdent
avec un long sceptre terminé par une pomme dans un croissant, et l'Amour,
tenant en main son arc tendu, accompagne gravement le cortège... Sur
l'empreinte d'une lame de couteau, une bande de petits enfants, aux formes
herculéennes comme ceux de Raphaël, dansent et se jouent en portant des
couronnes... Sur une autre plaque carrée, une femme nue, qu'un enfant
caresse, semble insulter à la tristesse d'une autre femme drapée et qui
renverse une corne d'abondance... Même avec les éléments d'un symbo-
lisme connu, les anciens nielles ont quelque chose de vague qui séduit les
poètes et nous reporte tantôt aux enchantements de l'Arioste, tantôt à ces
créations prodigieuses dans lesquelles Shakspeare devait mêler plus tard,
au gré de sa fantaisie, les héros de la fable antique et les figures légen-
daires du nord.
ru. burty.
voient poindre à l'horizon ?... — Quelles hyménées étranges célèbre-t-on
par des festins, sous les arcades sombres de cette galerie décorée de guir-
landes?... Assise sur un pavois que portent sur leurs robustes épaules, des
hommes coiffés de heaumes inconnus, une sorcière aux seins flétris, lais-
sant flotter aux vents ses cheveux hérissés, élève à deux mains un grand
bassin où repose un cygne. Deux hérauts, nus comme elle, la précèdent
avec un long sceptre terminé par une pomme dans un croissant, et l'Amour,
tenant en main son arc tendu, accompagne gravement le cortège... Sur
l'empreinte d'une lame de couteau, une bande de petits enfants, aux formes
herculéennes comme ceux de Raphaël, dansent et se jouent en portant des
couronnes... Sur une autre plaque carrée, une femme nue, qu'un enfant
caresse, semble insulter à la tristesse d'une autre femme drapée et qui
renverse une corne d'abondance... Même avec les éléments d'un symbo-
lisme connu, les anciens nielles ont quelque chose de vague qui séduit les
poètes et nous reporte tantôt aux enchantements de l'Arioste, tantôt à ces
créations prodigieuses dans lesquelles Shakspeare devait mêler plus tard,
au gré de sa fantaisie, les héros de la fable antique et les figures légen-
daires du nord.
ru. burty.