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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 1.1859

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Nr. 6
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Burty, Philippe: Un nielle non décrit
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https://doi.org/10.11588/diglit.16986#0345

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3/,2 GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

tout cette ardeur pudique qui semble à la fois animer et retenir les deux
acteurs, rappellent trop à nos yeux et à notre esprit le Francia, pour que
nous hésitions à lui donner cette belle composition.

On cite parmi les principaux orfèvres nielleurs : Maso Finiguerra, Pere-
grini de Gesena en Romagne, Nicolas Rosex de Modène, Mathieu Dei, An-
toine Pollajuolo, Jean Antoine de Brescia, François Raibolini de Bologne,
dit Francia, et Marc-Antoine Raimondi. Ainsi que nous le disions plus
haut, c'est en maniant les outils cle l'orfèvre que ces maîtres ont appris la
pratique du burin, et qu'ils l'ont portée presque du premier coup à sa
perfection.

L'extrême rareté des nielles fait-elle leur plus grand mérite? N'ont-
ils que cette valeur conventionnelle qu'un pieux respect attache à cer-
taines reliques historiques? Pour beaucoup, oui. Cependant, quelques-
uns offrent clans leur cadre exigu un grand effet de dessin, de modelé et
de composition. Ils indiquent sûrement l'état de l'art décoratif à une
époque déterminée. Confidents immédiats de la pensée du dessinateur,
puisqu'ils ne reproduisent jamais de compositions peintes, ils nous donnent
l'idéal de la beauté que l'on poursuivait dans les premières années de la
renaissance italienne. Étalant au grand jour de l'art sa puissante nudité, la
chair proteste déjà fièrement contre les macérations du moyen âge. Si les
nielles reproduisent des ornements, les figures s'y tordent avec la sou-
plesse grandiose des grotesques et des bas-reliefs antiques, et la fantaisie
un peu sauvage dans l'expression des têtes, des ornements d'Aldegraver.
S'ils représentent des scènes mythologiques, la mysticité catholique et le
génie italien s'y mêlent à profusion comme dans le roman du songe de Po-
lyphile, et font de l'allégorie une énigme dont l'esprit français, avec son
besoin de logique et de clarté, ne peut pas toujours trouver la clef. S'ils
font pressentir Raphaël par la largeur cle l'exécution plastique et la clarté
de l'ordonnance, ils promènent souvent l'imagination dans des cercles
aussi obscurs et aussi compliqués que ceux du Dante.

11 n'est pas de nielle qui, dans sa petitesse, n'éveille des idées de gran-
deur, il n'en est guère non plus dont les figures ne semblent se mouvoir
dans un monde chimérique, peuplé de héros, de nymphes, de sirènes et
d'amours, de personnages gracieux ou effrayants, de monstres fantas-
tiques, descendus cle la région des airs, ou sortis des cavernes cle la terre,
ou que l'on voit surgir des profondeurs de l'Océan...

Vers quelle Atlantide, plus mystérieuse que celle de Platon, voguent
ces trois femmes debout sur des boucliers soulevés à la surface des eaux
par des dauphins? Borée, soufflant à pleines joues, enfle la voile qui s'arron-
dit sur leurs têtes, et leur geste passionné semble acclamer une terre qu'elles
 
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