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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 1.1859

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Nr. 6
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Ulbach, Louis: L' art au théatre: Opéra - première représentation d'Herculanum
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https://doi.org/10.11588/diglit.16986#0357

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35/j G \/K I l'E DES BE \ I X.-AH I S.

M. Félicien David, et il a peux'" que le dilettantisme parisien s'accommo-
derai! d'une méditation musicale en quatre actes. A-t-il eu tort? Le succès
de la première représentation semble I*1 justifier. Nous n'en appellerons
pas de ce bienveillant arrêt; la part du musicien n'est pas d'ailleurs
l'objet principal de cet article. C'est par les côtés extérieurs et plastiques
que nous voulons spécialement juger le nouvel opéra. Quand on offre au
public, avec solennité, un tableau de cette dimension et de ce caractère ;
quand on délie la critique par toutes les richesses d'une mise en scène
qui se targue d'exactitude; quand la peinture, le costume et la danse
disputent hautement la place, on a le droit et le devoir de juger ce
tableau au point de vue de sa couleur, de sa vérité, de son action, indé-
pendamment de la question musicale qui reste une querelle à vider entre
les critiques compétents et le musicien. Il ne nous est pas permis de parler
d'Herculanum sans en avoir foulé aux pieds les ruines, et il serait difficile
de tromper le public le moins érudit sur le caractère et la dimension des
édifices que la lave a enfermés sous le sol de Portici. M. Méry a donc voulu
être exact; mais il a été d'une exactitude poétique, et, en transfigurant
la manière de Piranèse, il a fait peindre, par MM. Thiéry et Cambon, une
ville grandiose, une sorte de Babylone étrusque, qui dépasse les propor-
tions attribuées à la ville d'Hercule. Mais c'est là sans doute un effet de la
résurrection et du rajeunissement. Quand on a passé par la mort, on
rentre dans la vie avec une beauté immortelle; c'est le corps glorieux
d'Herculanum qui nous est olfert.

Nous ne nous en plaindrons pas d'ailleurs; les yeux sont éblouis, l'art
est satisfait. Le péristyle du palais d'Olympia, au premier acte, est du
meilleur goût. Le livret prend soin de nous expliquer que des sphinx
placés à gauche indiquent le quartier égyptien, voisin du port. Des velaria
suspendus aux frises et aux cimes des mâts abritent les jardins. Dans une
perspective azurée s'étagent les villas, les temples, les palais, les maisons
consulaires : le panorama a de la splendeur. Malheureusement une foule
bigarrée et disparate envahit la scène, au lever du rideau, et la mascarade
des costumes gâte l'effet du décor. Nous avons souvent remarqué combien
les foules sont disgracieuses au théâtre, et combien, malgré l'accumula-
tion des figurants, et même malgré le pittoresque et l'exactitude des cos-
tumes, il est difficile d'obtenir un effet saisissant. La raison de cette im-
puissance est toute simple : ce sont des artistes qui peignent les décors,
qui préparent un cadre harmonieux au drame ou à l'opéra ; ce sont des
costumiers et des metteurs en scène peu familiarisés avec la peinture et
l'art d'harmoniser les nuances, qui habillent et qui répandent ensuite les
foules dans ce beau décor. Il n'est pas possible de composer un tableau
 
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