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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 1.1859

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Nr. 6
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Ulbach, Louis: L' art au théatre: Opéra - première représentation d'Herculanum
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https://doi.org/10.11588/diglit.16986#0358

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

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en donnant à tous les costumes la même valeur de ton , ni de rapprocher
et de juxtaposer des couleurs fort dissemblables. Cette cacophonie est
ordinaire au théâtre. Elle nuit aux effets cherchés et blesse beaucoup plus
qu'on ne le croit, le goût instinctif du public.

Est-ce qu'il serait chimérique de souhaiter que, dans un théâtre comme
l'Opéra, les fantaisies du costumier fussent soumises à une révision sévère
de la part du peintre des décors? Et ne pourrait-on pas combiner la mise
en scène de façon à obtenir des harmonies de nuances dans les costumes,
et des gammes, pour ainsi dire, par la position ordonnée à chaque por-
tion du chœur?

Nous avons éprouvé un autre désappointement encore à la première
représentation d'Herculanum : quand après ce défilé de carnaval, qu'on
nous annonçait dans le livret comme un cortège de satrapes, de princes
et dervis, tributaires d'Olympia, nous avons vu paraître la reine elle-
même, habillée de clinquant, couverte de dorure, et, au lieu d'une robe
à plis droits, traînant un manteau de cour qu'une crinoline, sans doute,
faisait valoir : et c'est Herculanum qu'on choisit pour de pareilles exhi-
bitions! Quand on a tant de documents précieux à consulter, tant de
modèles élégants à suivre, on va imiter P Ambigu-Comique ou la Gaîté
dans leurs féeries, et on nous présente une reine d'Orient en costume de
fantaisie! Dans le drame de M. Dennery, la Porte-Saint-Martin nous avait
donné déjà une Olympia; mais celle-là du moyen âge. Or on peut troquer
impunément l'Olympia de Faust contre l'Olympia d'Herculanum ; elles
sont aussi authentiques l'une que l'autre, et leurs costumes se valent.

Nos lecteurs savent déjà, sans doute, parles comptes rendus des jour-
naux, qu'il s'agit, clans l'opéra, d'une double séduction tentée par la reine
païenne Olympia sur un jeune chrétien nommé Hélios, et par le frère
d'Olympia, Nicanor, sur la • fiancée* d'Hélios, la chrétienne Lilia. Hélios
cède très-facilement ; il lui suffit de mouiller ses lèvres à une coupe pré-
sentée par ordre d'Olympia, pour qu'aussitôt il oublie sa fiancée, son Dieu,
ses engagements. Voilà un premier chrétien qui manque à la tradition ;
mais s'il ne succombait pas, peut-être bien le Vésuve n'aurait-il pas
d'éruption ! Résignons-nous donc à cette chute dans l'espoir du tableau
final. Pendant que la reine conduit Hélios dans la salle du festin, un pro-
phète, Magnus, arrive tout à coup, comme le mendiant à la fin du premier
acte des Butgraves.

Ce prophète, destiné aussi à préparer l'éruption, débite un passage
de l'Apocalypse, annonce le déchaînement de Satan et prédit à Olympia
la mort la plus cruelle ; après quoi il se retire paisiblement au milieu des
rires de l'auditoire d'Herculanum. Cette retraite sans danger ne semble
 
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