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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 22.1867

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Nr. 2
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Mantz, Paul: M. Barye: artistes contemporains
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https://doi.org/10.11588/diglit.19883#0132

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M. BARYE.

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mant ; les chevaux cl’Apollon sont admirables dans leur allure savam-
ment rhythmée. 11 est fâcheux que cette pendule, véritablement
monumentale, ait été dorée à outrance. Nous ne connaissons, parmi les
productions de l’art industriel moderne, aucune œuvre qui puisse lui
être comparée, et Versailles, au temps de ses splendeurs, n’a rien eu
de plus beau dans son mobilier royal.

M. Barye, qui croit à la grande unité de l’art, s’est exprimé dans tous
les langages. L’ébauchoir est son instrument préféré, mais il l’a quitté
plus d’une fois pour le pinceau, le crayon ou la pointe. Nous avons dit
un mot de ses peintures trop rares. Son œuvre, comme lithographe, n’est
pas considérable : nous ne connaissons guère que le Jeune Axis, dont
un exemplaire a paru à la vente Lacombe, et les quelques pièces (lions,
chats, etc.) que possédait son ami Eugène Delacroix. M. Barye a gravé à
l’eau-forte, en 183/i, une planche qui orne le Musée d’Alexandre
Decamps et qui reproduit le groupe en plâtre qu’il avait exposé au Salon
de la même année, le Combat cl’un Cerf avec un Lynx. Ces œuvres,
disons-le, n’ont pas une grande signification. C’est dans ses aquarelles
qu’il faut étudier M. Barye, c’est là qu’il est maître. Elles sont d’ordi-
naire très-simples de composition et d’effet; mais elles vont loin dans
l’expression. C’est un lion errant dans les solitudes1, un tigre se débat-
tant dans les jungles avec un serpent, une biche dressant sa charmante
tête effarée au milieu d’une clairière, un combat de fauves, une panthère
endormie au soleil, tout un monde d’animaux craintifs ou terribles, indo-
lents ou furieux. Le paysage joue un grand rôle dans ces aquarelles :
souvent les fonds sont lourds, l’horizon est fermé, les ciels sont opaques,
l’air ne circule pas entre les plans; malgré ces défauts, qui ont causé
un certain effroi aux profanes, et que nous ne voulons pas dissimuler, ces
peintures ont un cachet saisissant, une rare intensité de poésie, quelque
chose qui ressemble au bas-relief ou à la médaille. Les amateurs délicats
ont toujours goûté la haute saveur de ces aquarelles, qui ne sont pour
M. Barye qu’un délassement et un repos. Lorsqu’il a ainsi fixé sur le
papier une attitude ou une impression, il revient à ses outils de sculp-
teur, à la terre que modèle sa main savante, au bronze, gardien fidèle de
sa pensée.

Et maintenant, faut-il dire la dernière aventure de M. Barye? Il l’a
sans doute oubliée, mais nous nous en souvenons, et nous la rappelons
ici parce quelle complète le récit de sa vie. Cédant aux conseils d’amis

1. Cette aquarelle, une des plus belles de M. Barye, a été décrite par Théophile
Gautier et gravée dans la Gazelle, t. V, p. 337.
 
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