Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (22.1867)

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

qu’il aurait peut-être aussi bien fait de ne pas écouter, M. Barye con-
sentit à se laisser présenter à l’Académie des Beaux-Arts qui, dans sa
séance du 28 juillet 1866, devait donner un successeur à M. Jaley.
M. Barye obtint neuf voix, et naturellement il ne fut point nommé.
C’était dans l’ordre. Aux concours de l’école, il avait été battu par
MM. Yatinelle et Jacquot: il devait, à l’élection académique, être
vaincu parM. Bonnassieux. M. Barye est-il donc un ennemi?

Mais qu’importe? C’est là le petit côté de la question, et nous
nous reprochons d’y avoir si longtemps insisté. Jamais les vrais artistes
n’ont travaillé pour le succès banal; indifférents aux choses vaines, ils
n’ont d’autre ambition, d’autre besoin que d’exprimer les émotions de
leur cœur et de donner à leur pensée une forme que les intelligents
comprendront. A ce point de vue, le seul qui doive occuper la critique et
l’histoire, M. Barye n’a rien à regretter. Une vie secrète ou débordante
anime les moindres créations qui sont sorties de sa main laborieuse ; il a
la notion du portrait, comme il a le sentiment du monumental ; il est
intime et il est grand : l’avenir lui appartient. 11 le sait peut-être. Et
voilà pourquoi, au milieu des difficultés dont on a essayé d’entraver sa
marche, il s’avance doux, tranquille et fier ; voilà pourquoi, lorsqu’on
lui parle des minces honneurs qui lui manquent, et des grands travaux
qui auraient pu lui être confiés, et de la guerre injuste qu’on lui a faite,
il se contente de répondre par un fin sourire.

PAUL MAN T Z.