Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 22.1867

DOI Heft:
Nr. 3
DOI Artikel:
Darcel, Alfred: De l'émaillerie, [1]
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.19883#0281

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
266

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Parmi ces derniers, on a appelé émaux des peintres ceux où l’ar-
tiste s’est efforcé d’atteindre aux effets de la peinture ordinaire.

Les émaux, ainsi que les ivoires, offrent les plus anciens témoignages
de ce qu’étaient les arts du dessin au moment où la société chrétienne
naissait de l’union violente de la barbarie avec ce qui survivait de la
civilisation antique.

Se transformant en même temps que le dogme se développe, l’émail-
lerie semble suivre dans les transformations de ses procédés de fabri-
cation les évolutions de la pensée humaine. Très-complexe, d’ailleurs,
dans ses origines, elle paraît adopter plus spécialement certains procédés
suivant les pays, et mêler ensemble des questions d’ethnographie et de
civilisation.

A ne considérer les choses que d’une façon restreinte en ne s’occu-
pant que des émaux chrétiens, l’on peut aisément classer ces derniers
et reconnaître qu’à chacun des développements de la liberté dans l’art
correspond un procédé nouveau.

Au hiératisme grec, qui emprisonne l’expression dans une formule
toujours la même, correspondent les émaux des orfèvres ou émaux
cloisonnés, rigides dans leurs formes, nuis dans l’expression.

Lorsque l’art occidental rejette le formulaire grec, tout en restant
soumis à la prépondérance d’une architecture rude encore, l’émaillerie
passe aux mains des ciseleurs. Alors les formes s’assouplissent, mais
l’expression reste sauvage. Puis le ciseleur fait sa place de plus en plus
grande aux dépens de l’émailleur, à mesure que l’architecte donne plus
d’élégance à ses constructions. Le dessin est alors plus souple ; les têtes
sont plus expressives. L’émail n’offre encore qu’une image plate et sans
apparence de relief. C’est alors que le ciseleur se fait sculpteur et lui
donne le modelé avec cette apparence qui lui a manqué jusque-là.

A cette phase de la fabrication correspondent les commencements
de la peinture italienne, qui progresse si rapidement dans la recherche
et dans l’expression de la beauté.

Bientôt les émaux avec leurs contours en métal et leurs teintes plates,
ceux même où le relief se combine avec les couleurs vitrifiées, mais
uniformément étendues, ne peuvent plus suffire. Les émaux peints
naissent et se développent alors que la peinture s’affranchit de la gêne
que lui imposait l’architecture, en même temps qu’elle étend son domaine
au delà des choses exclusivement religieuses.

Aux trois phases de l’art : le hiératisme grec, le réveil de l’Occident
au xue siècle, la renaissance italienne au xve, correspondent les émaux
 
Annotationen