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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 22.1867

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Nr. 4
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Clément, Charles: Géricault, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.19883#0367

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348

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

ministre de la Maison : « Monseigneur, je crois devoir proposer à Votre
Excellence d’acquérir le tableau de M. Géricault, représentant le Nau-
frage de la Méduse. Cet ouvrage plein de verve et d’énergie annonce le
talent le plus distingué que l’on ne saurait trop encourager. La manière
de M. Géricault a de la grandeur, de l’originalité, et son ouvrage a obtenu
beaucoup de succès chez les artistes en France et aux yeux de tout le
public en Angleterre. Ce tableau est revenu à Paris, parce que son auteur
désire qu’il reste en France, et, pour faciliter l’exécution de ce vœu, il
propose de le céder au gouvernement pour le prix de 6,000 francs, et
consentirait même à être payé moitié sur l’exercice 1822 et le reste sur
celui de 1823. Cet ouvrage est de la plus grande dimension; il a coûté
beaucoup de temps, d’étude et d’argent à M. Géricault, et ce serait peut-
être dégoûter un homme appelé à faire le plus grand honneur à l’école
française, que de repousser une demande aussi juste et aussi modeste.
Le Naufrage de la Méduse pourrait être placé dans une des grandes
salles de Versailles, et je suis certain que le temps consolidera la réputa-
tion de cette production énergique et puissante 1. »

Il est certainement impossible de défendre une meilleure cause avec
plus de chaleur et de clairvoyance. La réponse ne fut sans doute pas
favorable, car l’intelligent directeur du Musée écrit au ministre une nou-
velle lettre en date du 27 mai de la même année, puis une troisième le
27 mai 1823. Celle-ci est d’une fermeté que l’on rencontre rarement
chez un subordonné et mérite bien d’être conservée. « Monseigneur,
écrit M. de Forbin, on a souvent adressé à l’administration des arts le
reproche de ne pas encourager exclusivement le genre historique, qui ne
peut trouver de protection que dans le gouvernement. J’ai souvent
entendu citer à l’appui de cette critique peu fondée l’exemple de l’oubli
dans lequel on laissait un ouvrage important, composition hardie, d’une
exécution large, vigoureuse, et qui promet à la France un habile artiste
de plus. Le Radeau de la Méduse, tableau de près de 20 pieds, prouve
que son auteur, M. Géricault, a puisé dans les ouvrages de Michel-Ange
le grandiose qui ne plaît pas à la multitude, mais qui constitue le véri-
table peintre d’histoire... M. Géricault est tout à fait découragé par l’es-
pèce d’abandon dans lequel on laisse son tableau, qu’il offre depuis deux
ans de céder pour 5 ou 6,000 francs. C’est ce qu’on paye aujourd’hui un
petit tableau de genre. »

Cette démarche n’eut pas plus de résultat que les précédentes. Mais
M. de Forbin ne se tint pas pour battu. En 1824 "Géricault était mort.

1. A S. Exc. le ministre de la Maison du roi. 2 février -1822.
 
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