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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 22.1867

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Nr. 4
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Clément, Charles: Géricault, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.19883#0368

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GÉRICAULT.

349

On allait procéder à la vente de son atelier. Le directeur du musée écrit
à M. de la Rochefoucauld qui avait succédé à M. de Lauriston : «Monsieur
le Vicomte, vous pouvez vous rappeler un tableau de feu Géricault qui
produisit une vive sensation au Salon de 1819; cet ouvrage d’ufie grande
dimension, représentant le naufrage de la frégate la Méduse, est surtout
remarquable par la hauteur, la gravité de l’ordonnance et par l’extrême
énergie de l’exécution. Aucun peintre sans exception depuis Michel-Ange
n’avait été appelé à sentir et à rendre le genre terrible d’une manière

plus puissante que feu Géricault.Veuillez bien me faire connaître vos

intentions dans les vingt-quatre heures, la vente étant irrévocablement
fixée à l’un des premiers jours de la semaine L » La réponse datée du
1er novembre autorisait l’achat du tableau, mais le ministre ne mettait à
la disposition de M. de Forbin qu’une somme de A ou 5,000 francs. La
mise à prix était de 6,000 francs, et l’achat ne put par conséquent s’effec-
tuer. C’est M. Dedreux-Dorcv qui couvrit l’enchère de 5 francs et devint
ainsi pour un moment propriétaire du tableau 2. M. de Forbin écrit de
nouveau au ministre le 8 novembre de la même année. Cette fois il a
trouvé un biais et il touche au port. On appliquera à l’achat de la Méduse
les 5,000 francs déjà accordés, en y ajoutant 1,005 francs pris sur une
somme de 6,000 fr. destinée à un peintre nommé Bonnefond, pour un
tableau de sa façon « la Chambre à louer, » qu’il avait vendu 8,000 fr.
à un amateur, et qui trouvait par conséquent son compte à renoncer à la
commande de l’administration. L’affaire fut ainsi réglée et approuvée
par lettres ministérielles du 12 novembre 182A3. C’est ainsi que le Ra-
deau de la Méduse nous est resté, mais nous avons couru grand risque
de le perdre, et nous devons certainement ce chef-d’œuvre au goût éclairé
de M. de Forbin, et au dévouement, au patriotisme, au désintéressement
de M. Dedreux-Dorcy.

'I. A M. le Vle de la Rochefoucauld, chargé du dépar1 des beaux-arts, 30 octobre 1 824.

2. La vente de l’atelier de Géricault se fit le 2 novembre 1824, à l’hôtel Bull ion,
rue J.-J.-Rousseau, par le ministère de Me Parmentier, commissaire-priseur, et de
M. Henri, expert des musées royaux. Elle produisit 53,000 fr.

3. Archives de l’art français, par M. de Chenevières. T. I, 1851-1852, p. 71 à 80.

CHARLES CLÉMENT.

(La fin prochainement.)
 
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