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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 22.1867

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Nr. 6
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Jacquemart, Albert: Histoire des fai͏̈ences patriotique sous la Révolution, par Champfleury
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https://doi.org/10.11588/diglit.19883#0599

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566

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

matière de collections les objets en eux-mêmes ont moins d’importance
que l’idée en vertu de laquelle ils ont été groupés.

Cette fois encore l’expérience devait confirmer nos prévisions. Le
volume édité avec tant de goût, par M. E. Dentu, sous le titre à’Histoire
des Faïences patriotiques sous la Révolution, pourra soulever des discus-
sions plus ou moins vives, il aura des partisans et des détracteurs ; mais
personne ne méconnaîtra, dans ces pages où l’auteur touche à des choses
bridantes, l’expression d’une conviction profonde et d’une louable modé-
ration .

En matière d’art, M. Champfleury appartenant à ce qu’on appelle
Y école réaliste, les termes qu’il emploie n’ont pas la signification que
tout le monde y attache; discuter avec lui sur la valeur du beau, sur
l’application du mot maître, c’est se débattre dans le vide. 11 faut, par
une pétition de principe, partir du même point que lui pour savoir où
il veut vous conduire, ou bien rompre en visière dès la première ligne,
et s’abstenir de juger son travail.

« L’art populaire dont je tente l’histoire, dit-il, doit être senti; il ne
se prouve pas. Donne-t-on des leçons de sensation, et qu’y a-t-il de plus
délicat que l’analyse de la naïveté? » D’accord; seulement il y a un
point où la naïveté devient barbarie, et ce point se manifestera plus ou
moins rapidement selon la délicatesse des sens de l’appréciateur. « Que
voit-on, dit plus loin M. Champfleury, dans la cabane du paysan? Les
images d’Épinal collées au mur, et les grands saladiers pendus au man-
teau de la cheminée. Voilà le musée du pauvre, l’art qui récrée les yeux
du peuple, car la simplicité des couleurs est en harmonie avec la naïveté
des sentiments du paysan.

« Les civilisés ne comprennent pas certaines assonances de coloration
qu’ils sont tentés d’appeler dissonances; mais le paysan a un regard
plus exercé que l’habitant de la ville, comme son oreille est plus
délicate...

« Le paysan ayant des sens robustes, fortifiés et développés sans
cesse par le spectacle de la nature, goûte les charmes du naturel, et les
associations des couleurs primitives ne révoltent pas ses organes.

« Avec les sauvages et les enfants il est admis à comprendre la juxta-
position de couleurs en apparence ennemies; et toute combinaison, tout
trait d’union qui adouciraient ce que nous appelons crudité, enlèveraient
aux idoles des uns, aux jouets des autres, la plus vive partie de leur
saveur. »

Ces citations étaient indispensables, dans un recueil comme celui-ci,
pour faire comprendre au lecteur l’incommensurable distance qui sépare
 
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