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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 22.1867

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Nr. 6
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Jacquemart, Albert: Histoire des fai͏̈ences patriotique sous la Révolution, par Champfleury
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https://doi.org/10.11588/diglit.19883#0600

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faïences patriotiques.

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nos doctrines de celles de l’auteur, et pour établir à quel point de vue
nous nous plaçons pour louer sans réserve une œuvre éminemment
remarquable. C’est moins d’art que d’histoire qu’il s’agit dans le livre de
M. Champfleury, et la disposition des groupes établis pour fournir ses
preuves, la gradation rationnelle des faits, frappent puissamment l’esprit.

L’auteur reconnaît avec raison la disposition naturelle des hommes à
suppléer l’impuissance de la délinéation par les légendes; les choses
parlantes, ainsi qu’il appelle les faïences de la Révolution, remontent à la
plus haute antiquité et se multiplient surtout aux époques de transition;
il semble que les convictions nouvelles cherchent à se manifester par
tous les moyens, à s’affirmer dans les monuments de la vie usuelle, pour
mieux pénétrer dans les masses ; le christianisme en avait usé ainsi à
l’égard de la civilisation romaine; le moyen âge se servit à son tour des
images et des sentences, pour répandre des doctrines qui fussent restées
enfouies dans les rares manuscrits où se formulait la science sociale
d’alors.

L’une des questions soulevées par M. Champfleury paraît donc
résolue par ces précédents : les faïences parlantes ne furent pas l’inven-
tion des potiers qui les confectionnaient, non plus que celle des popu-
lations auxquelles l’usage en était réservé ; il faut voir dans leurs phases
diverses la succession des idées inspirées au législateur par la marche
des événements, et l’intention défaire accepter ces idées par des hommes
dont l’esprit n’avait pu y être préparé, ni par la connaissance des
ouvrages des philosophes et des économistes, ni par la lecture des débats
quotidiens des assemblées délibérantes.

Un ensemble de faits peut appuyer cette théorie ; d’abord les légendes
inscrites sur les murs mêmes des monuments publics, puis celles plus
nombreuses et plus variées encore qu’on rencontre sur les monnaies,
accompagnées précisément de la plupart des symboles appelés par
l’auteur blason révolutionnaire.

Au surplus, M. Champfleury est sans doute d’accord avec nous sur
ce point puisqu’il écrit : « A partir de 1789 l’art ne vit plus de sa propre
essence ; il fait corps avec le mouvement politique, entre dans le domaine
des institutions et en ressort avec une idée de civisme, d’enseignement
direct. C’est comme un alphabet d’images pour des yeux d’enfants.

« Les législateurs, en maîtres bienveillants, répètent sans cesse :
Liberté, Egalité, Fraternité, Concorde, Nation, Paix, République,
Indivisibilité, Union, Force, Patrie, et l’art, élève soumis, épelle ces
abstractions avec le pinceau, le burin, le ciseau, le crayon. »

Il a donc été permis à M. Champfleury de suivre les événements,
 
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