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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 22.1867

DOI issue:
Nr. 6
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Gruyer, François-Anatole: Les Vierges de Raphael: le Songe du chevalier
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https://doi.org/10.11588/diglit.19883#0609

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570

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

les yeux ces traits chéris et les confondre dans une même action de
grâces, il les rappela dans la Vierge et dans l’enfant Jésus qu’il peignit à
fresque sur le mur de son jardin. C’est ainsi que Raphaël se trouva, dès sa
naissance, consacré à la Vierge. En souriant à sa mère, c’est à la Vierge
qu’il adressa ses premiers sourires, à elle aussi qu’il envoya ses pre-
miers baisers. Ses premières pensées, ses premières paroles se partagè-
rent instinctivement entre ce que la réalité et l’idéal, le temps et l’éter-
nité, ont à la fois de plus pur, et lorsque mourut la douce Magia 1,
lorsqu’une étrangère fut venue s’asseoir au foyer paternel2, l’enfant
prédestiné revit sa mère encore à travers l’image aimée de la Madone.

Cependant Giovanni continua de prodiguer ses soins à son fils, et
non content de l’avoir placé petit enfant dans les bras de la Vierge, il le
montra, paré des grâces de la première jeunesse, à côté du trône de la
Reine des anges 3. Raphaël devait donc sans cesse regarder la Vierge, et
développer dans cette contemplation le sens divin dont il était doué.
Bientôt un nouveau deuil, le plus grand des deuils, vint affliger son
cœur. Giovanni Santi mourut le 1er août l/i9/i. Le Sanzio, âgé de onze
ans, demeura à la discrétion de sa belle-mère, Bernardina, et du prêtre
Bartolommeo, son tuteur et son oncle. Tout à coup la maison paisible et
heureuse, où jusqu’alors il avait vécu, se remplit de discordes et de
bruit; un voile s’étendit sur ses chers souvenirs, et les visions qui
avaient charmé ses jeunes années s’évanouirent. Mais bientôt il fut
placé chez Pietro Vannucci 4, et à la vue des Madones du peintre de

1. Magia mourut le 7 octobre 1491. Quatre jours avant, Raphaël avait perdu sa
grand’mère paternelle, Elisabetta, et il perdit en outre quelques jours plus tard son
unique sœur.

2. Giovanni Santi contracta son second mariage avec Bernardina, fdle de l’orfévre
Pietro di Parte, le 25 mai 1492, à l’église Sanla-Agala.

3. Sur l’invitation de Pietro Tiranni, Giovanni Santi s’était rendu àCagli, avec sa
femme et son fds, afin de peindre une chapelle dans l’église Saint-Jean (église des Do-
minicains). La fresque principale représente la Vierge assise sur un trône. Elle tient
sur ses genoux l’enfant Jésus. De chaque côté du trône se trouve un ange, et l’ange
de gauche est le portrait de Raphaël, à l’àge de 9 à 10 ans. Les figures de saint François,
de saint Pierre, de saint Dominique et de saint Jean-Baptiste complètent ce tableau.

4. La mésintelligence qui divisait le beau-frère et la belle-sœur devint telle, que
Bernardina dut quitter la maison Santi. Ce fut alors qu’intervint Simone Ciarla, oncle
maternel de Raphaël, et que l’enfant fut placé à l’école de Pérugin. Raphaël s’y fit de
suite aimer des plus dignes collaborateurs du maître. Il connut Andrea di Luigi d’As-
sise, surnommé Xlngegno, célèbre par les fresques qu’il avait peintes déjà à Rome
et à Orvieto. 11 s’attacha à Bernardino di Betto, de Pérouse, surnommé Pinturicchio.
Il se lia avec Giambattista Caporali, Sinibaldo Ibi, Eusebio di San Giorgio, Gian Nic-
colo Manni, Rocco Zoppo, Baccio Uberti et son frère Francesco, surnommé il Bac-
 
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