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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 2.1869

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Viardot, Louis: Collection de dessins originaux au château grand-ducal de Weimar
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https://doi.org/10.11588/diglit.21405#0098

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DESSINS. ORIGINAUX A WEIMAR.

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achèvera de se perdre dans une obscurité croissante, comme le jour se perd dans la
nuit. Or, ces cartons sont des préparations pour la fresque effacée. Deux grands cadres,
divisés chacun en quatre compartiments, renferment dix à douze tètes d’étude, celles
du jeune saint Jean, de Judas, les principales à peu près, sauf pourtant celle de Jésus,
qui manque par malheur à cette réunion dont elle formerait le centre et le lien. Ces
têtes sont plus que dessinées ; elles sont peintes à la détrempe sur le carlon, exacte-
ment comme les fameux dessins coloriés de Raphaël qu’on appelait cartons d’Hampton-
Court, avant qu’on les eût tout récemment ramenés à Londres. L’indication des gestes
de mains et de bras qui doivent unir les personnages dans l’action commune est faite
en simple grisaille, et se continue, sous cette forme, de l’un à l’autre des comparti-
ments ; de sorte que les tètes cessent d’ètre isolées, et que l’on pressent leur place
dans la série de la composition circulaire. Depuis la disparition à peu près complète de
la fresque du réfectoire de Santa Maria delleGrazie; depuis qu’on ne peut plus connaître
cette œuvre capitale que par des copies bien insuffisantes, ou par des gravures, comme
celle de Raphaël Morgen, qui, malgré leur mérite, ne peuvent en reproduire que le trait
réduit, ces cartons, coloriés et de grandeur naturelle, sont maintenant l’unique origi-
nal de Léonard. C’est dire en un mot quel est leur mérite incomparable, et leur valeur
sans prix.

Vous trouvez encore à Weimar d’autres œuvres de Vinci, telles que l’esquisse de
VEnfant au mouton, et diverses têtes d’étude, en petites proportions, soit figures
sérieuses, soit caricatures, auxquelles semble s’ètre amusé souvent l’illustre Florentin.
Mais, après lui, la part la plus importante de la collection appartient à Raphaël. Aux
cartons pour la Cène, le divin jeune homme peut opposer des études toutes semblables,
d’autres préparations, de même taille et également coloriées, pour les cartons
d’Hampton-Court, qui furent eux-mêmes des modèles pour les douze tapisseries
exécutées aux fabriques d’Arras (d’où leur nom d’Arrazzi), sur la commande de
Léon X. Ces tètes d’étude appartiennent spécialement à l’un des cartons les plus
justement célèbres, celui qu’on nomme la Prédication de saint Paul à Athènes. Et
ce ne sont pas les seules œuvres de Raphaël. A Weimar se trouve aussi la première
pensée du Père éternel', qui, dans la fresque de la Création, aux Loges du Vatican,
semble attacher au firmament, d’un main le soleil, de l’autre la lune. Là se trouvent
encore la première pensée de la Vierge au Poisson, honneur de Museo de Rey de
Madrid, et un groupe de deux hommes, nus et debout, dessinés à la sanguine, qui
rappelle ce groupe admirable donné par Raphaël à son ami Albert Durer, et qui, avec
la mention de ce don fraternel, ajoutée sur la marge par la main du peintre de
Nurenberg, a été recueilli dans la richissime collection de l’archiduc Albert, à Vienne.

Corrége aussi a plusieurs têtes d’étude, exactement dans la même forme et le même
style que celles de Léonard et de Raphaël. Ce sont évidemment des préparations pour
son immense fresque de l’Assomption, qui remplit toute la coupole du Duomo de
Parme, et dont les marguilliers du temps'remerciaient en ces termes le grand artiste
dédaigné : « Vous nous avez servi un plat de grenouilles. » Léonard a sans doute
trouvé, pour ses cartons, cette forme et ce style, inconnus avant lui. Ses successeurs
n’ont eu qu’à l’imiter.

Quanta Michel-Ange, sa part se compose également de diverses préparations, soit
pour les austères et terribles Sibylles du Vatican, soit pour divers groupes de damnés
ou d’élus, dans le prodigieux Jugement dernier. On trouve encore à Weimar un
dessin — peut-être le premier essai — du sujet .allégorique nommé le Songe de
 
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