DOI Heft:
Nr. 1
DOI Artikel: Paliard, Charles-Benoît: Le couronnement de la Vierge d'après un carton de Raphaël: tapisserie retrouvée au Vatican
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UNE TAPISSERIE RETROUVÉE AU VATICAN.
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avoir quelque chance de la rencontrer, explorant avec soin l’atelier qui donne sur les
loges du 1er étage, peintes par Jean d’Udine, où sont emmagasinés et se réparent les
nombreux tableaux en tapisserie qu’on place successivement sur l'autel de la Sixtine
aux diverses fêtes de Tannée; visitant, à plusieurs reprises, la manufacture pontificale
établie à Saint-Michel, Porto di Ripa grande, où sont déposées de vieilles tapisseries;
on y répare les arazzi de Raphaël et autres, et Ton y exécute quelques travaux neufs.
J’allais abandonner la partie, quand, un jour, interrogeant un chef d’atelier de Saint-
Michel, je repris quelque espoir; il me conduisit au Vatican dans une salle appelée la
Slanza délia predica dei famigliari; elle contient huit tapisseries, et c’est parmi
elles, que, tout de suite, je reconnus le Couronnement de la sainte Vierge, attaché au
mur qui se trouve du côté des loges de Grégoire XIII; je faisais cette heureuse trou-
vaille le 27 février I 869.
Cette salle est située au second étage, dans les appartements particuliers du Saint-
Père; on y entre par la salle des gardes, en passant par les logos de Grégoire XIII.
Deux des sept autres tapisseries sont intéressantes, la Cène de Léonard do Vinci, qui
m’a paru de grandeur naturelle; elle est flamande, et a été envoyée par François Ier:
on le reconnaît aux salamandres des bordures et à l’écusson aux trois fleurs de lis,
placé au milieu de la bordure supérieure. La deuxième est vis-à-vis, et aussi de gran-
, des dimensions; elle représente Athalie et Joas, et provient des Gobelins; Joas est le
portrait de Louis XV très-jeune ; il est sur un trône, au centre, et au milieu d’un grand
nombre de personnages; on trouve aussi l’écu de France à la bordure du haut. Les
cinq autres tapisseries, moins grandes, sont : T Annonciation, la Nativité, le Ci'ucifte-
ment, la Résurrection et les Clefs données à saint Pierre.
Je m’arrêtai quelques instants seulement dans cette stanza délia predica, et ce n’est
que plus tard, grâce à la bienveillance de Son Excellence Monseigneur Pacca, qu’ayant
obtenu d’y rester, je pus examiner avec soin le Couronnement de la sainte Vierge,
mesurer cet arazzo, comme on dit en Italie, à la gloire de notre ville d’Arras, et le
décrire, en prenant mes notes sur place. Vous trouverez plus bas cette description, qui
se rapporte exactement avec celle de Passavant.
Ne connaissant pas la tapisserie, ce dernier a dû la dépeindre au moyen du cata-
logue de la chalcographie pontificale, et n’a pu relater les couleurs.
Le tissu ne diffère pas de celui des dix autres tapisseries de Raphaël, appelées à
Rome, de la scuola vecchia, dont trois cartons sont perdus, et les sept_ autres, nom-
més cartons de Hampton Court, sont aujourd’hui au musée de Kcnsington; nous pou-
vons dire maintenant onze tapisseries et quatre cartons perdus, car, ainsi que vous le
faites observer, ces onze arazzi, comprenant notre Couronnement, sont arrivés en même
temps à Rome, non pas d’Arras, comme Ta écrit Passavant, mais de Flandre; le beau
temps d’Arras était passé, et cette ville célèbre dans la Rome antique pour ses tein-
tures, et au moyen âge pour ses tapisseries, ne vivait déjà plus que par son nom, du
temps de Léon X.
Le Couronnement a, sans ses bordures, hauteur 3m,55, largeur 2m,93; ses quatro
bordures sont ornées de fleurs, fruits, oiseaux, sirènes et génies de petite dimension,
avec leurs couleurs, sur un fond d’or; elles ont chacune la même largeur, de 30 cen-
timètres, comme celles verticales et horizontales supérieures de la Conversion de saint
Paul et de la Pêche miraculeuse, car ces trois sujets remplissaient, à côté l’un de l’au-
tre, le fond de 13"’, 17 de la Sixtine, la Pêche miraculeuse à gauche, le Couronnement,
au centre, sur l’autel, et la Conversion de saint Paul à droite, et il ne fallait pas d’iné-
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avoir quelque chance de la rencontrer, explorant avec soin l’atelier qui donne sur les
loges du 1er étage, peintes par Jean d’Udine, où sont emmagasinés et se réparent les
nombreux tableaux en tapisserie qu’on place successivement sur l'autel de la Sixtine
aux diverses fêtes de Tannée; visitant, à plusieurs reprises, la manufacture pontificale
établie à Saint-Michel, Porto di Ripa grande, où sont déposées de vieilles tapisseries;
on y répare les arazzi de Raphaël et autres, et Ton y exécute quelques travaux neufs.
J’allais abandonner la partie, quand, un jour, interrogeant un chef d’atelier de Saint-
Michel, je repris quelque espoir; il me conduisit au Vatican dans une salle appelée la
Slanza délia predica dei famigliari; elle contient huit tapisseries, et c’est parmi
elles, que, tout de suite, je reconnus le Couronnement de la sainte Vierge, attaché au
mur qui se trouve du côté des loges de Grégoire XIII; je faisais cette heureuse trou-
vaille le 27 février I 869.
Cette salle est située au second étage, dans les appartements particuliers du Saint-
Père; on y entre par la salle des gardes, en passant par les logos de Grégoire XIII.
Deux des sept autres tapisseries sont intéressantes, la Cène de Léonard do Vinci, qui
m’a paru de grandeur naturelle; elle est flamande, et a été envoyée par François Ier:
on le reconnaît aux salamandres des bordures et à l’écusson aux trois fleurs de lis,
placé au milieu de la bordure supérieure. La deuxième est vis-à-vis, et aussi de gran-
, des dimensions; elle représente Athalie et Joas, et provient des Gobelins; Joas est le
portrait de Louis XV très-jeune ; il est sur un trône, au centre, et au milieu d’un grand
nombre de personnages; on trouve aussi l’écu de France à la bordure du haut. Les
cinq autres tapisseries, moins grandes, sont : T Annonciation, la Nativité, le Ci'ucifte-
ment, la Résurrection et les Clefs données à saint Pierre.
Je m’arrêtai quelques instants seulement dans cette stanza délia predica, et ce n’est
que plus tard, grâce à la bienveillance de Son Excellence Monseigneur Pacca, qu’ayant
obtenu d’y rester, je pus examiner avec soin le Couronnement de la sainte Vierge,
mesurer cet arazzo, comme on dit en Italie, à la gloire de notre ville d’Arras, et le
décrire, en prenant mes notes sur place. Vous trouverez plus bas cette description, qui
se rapporte exactement avec celle de Passavant.
Ne connaissant pas la tapisserie, ce dernier a dû la dépeindre au moyen du cata-
logue de la chalcographie pontificale, et n’a pu relater les couleurs.
Le tissu ne diffère pas de celui des dix autres tapisseries de Raphaël, appelées à
Rome, de la scuola vecchia, dont trois cartons sont perdus, et les sept_ autres, nom-
més cartons de Hampton Court, sont aujourd’hui au musée de Kcnsington; nous pou-
vons dire maintenant onze tapisseries et quatre cartons perdus, car, ainsi que vous le
faites observer, ces onze arazzi, comprenant notre Couronnement, sont arrivés en même
temps à Rome, non pas d’Arras, comme Ta écrit Passavant, mais de Flandre; le beau
temps d’Arras était passé, et cette ville célèbre dans la Rome antique pour ses tein-
tures, et au moyen âge pour ses tapisseries, ne vivait déjà plus que par son nom, du
temps de Léon X.
Le Couronnement a, sans ses bordures, hauteur 3m,55, largeur 2m,93; ses quatro
bordures sont ornées de fleurs, fruits, oiseaux, sirènes et génies de petite dimension,
avec leurs couleurs, sur un fond d’or; elles ont chacune la même largeur, de 30 cen-
timètres, comme celles verticales et horizontales supérieures de la Conversion de saint
Paul et de la Pêche miraculeuse, car ces trois sujets remplissaient, à côté l’un de l’au-
tre, le fond de 13"’, 17 de la Sixtine, la Pêche miraculeuse à gauche, le Couronnement,
au centre, sur l’autel, et la Conversion de saint Paul à droite, et il ne fallait pas d’iné-