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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 8.1873

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Nr. 1
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Paliard, Charles-Benoît: Le couronnement de la Vierge d'après un carton de Raphaël: tapisserie retrouvée au Vatican
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https://doi.org/10.11588/diglit.21410#0092

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UNE TAPISSERIE RETROUVÉE AU VATICAN.

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en plus que les tapisseries; les largeurs sont aussi plus grandes dans les cartons que
dans les tapisseries, mais dans une proportion moindre. Les cartons n’ont cependant été
augmentés dans aucun sens quand on les a restaurés, puisque les piqûres qu’on y
trouve, ayant servi à faire les cartons secondaires, pour le tracé sur les chaînes, se sui-
vent admirablement partout, et vont jusqu’aux bords; ces différences dans les deux
sens ne peuvent provenir que du retrait qu’éprouvent les tapisseries libres qui ne sont
pas tendues sur des panneaux, après avoir été séparées du métier.

Disons, en passant, que le carton d’ÉlymaSj qui devrait avoir 5m,36 de largeur, n’a
que 4"’,44, différence : 1 m,42, qui est juste l’espace rempli dans la tapisserie, à sa partie
supérieure, par une statue dans une niche, qui n’existe pas dans le carton; pour la
moité inférieure de cette tapisserie d’Èlymas, on n’en peut rien dire, puisque ce
tableau a été coupé en deux dans le sens de sa longueur, et qu’il n’en reste que la
portion du haut.

Remarquons que, sur les onze tapisseries, dix ont été fabriquées inverses des car-
tons, ce qui est grandement à regretter au point de vue do la composition; pour notre
Couronnement, il a dû, forcément., être tissé dans le véritable sons. Qu’eût été en effet
le Père éternel tenant le globe du monde dans la main droite, et bénissant de la gauche;
la sainte Vierge, à gauche de Notre-Seigneur, et couronnée par lui de la main gauche ;
saint Jean n’avant plus la place d’honneur relativement à saint Jérôme, et montrant
l’agneau de Dieu de la main gauche; tandis que dans les dix, la composition et les
attitudes se trouvent telles que l’inversion, quoique nuisible, n’offre pas d’impossibi-
lités? l’homme qui, dans Saint Paul et saint Barnabe à Lystrie, va assommer de la
main gauche le taureau du sacrifice, est peut-être la figure la plus choquante. Pour
Notre-Seigneur, dans les Clefs, le coup de lance qu’il a reçu au côté droit est heu-
reusement couvert de son manteau, sans quoi il paraîtrait au côté gauche, dans la
tapisserie, ce qui ne serait pas admissible. On sait, au reste, que les peintures crai-
gnent moins l’inversion, par le fait que, pour l’harmonie générale, excepté dans les
cas très-particuliers, écrire par exemple, les artistes sont obligés d’équilibrer les mou-
vements et de ne pas trop s’attacher à ce fait que l’homme agit surtout de la main
droite; mais, pour la composition, quand les personnages principaux ne sont pas au
centre du tableau, ils sont mieux à gauche; car alors le sujet se lit naturellement de
gauche à droite, et aussi le personnage principal a la première place : c’est ce qui a
lieu dans les cartons, et choque dans les tapisseries représentant la Pêche miraculeuse,
les Clefs, Saint Paul prêchant à Athènes, Saint Paul et saint Barnabe à Lystrie et
Ëlynias frappé de cécité.

J’appuie avec intention sur le fait que cette gauche, suivant les habitudes de la
France seulement, est la véritable droite.

C’est celle de l’antiquité, do l’Église et de toutes les nations qui s’occupent d’art
aujourd’hui; ce qui fait que tous les catalogues des musées étrangers sont gênants pour
un Français, et que, même dans nos églises, où l’on aimerait à agir à la manière
romaine, l’usage l’emporte, et Ton y voit souvent saint Paul occupant la place de saint
Pierre.

Mais reprenons la description de notre tapisserie du Couronnemenl,\xcrg longtemps
abandonnée. Elle a comme trois étages de figures, Dieu le père avec quatre chérubins,
à la partie supérieure; au dessous, le couple divin de la Mère et du Fils, surmonté du
saint Esprit, avec deux grands anges à droite et à gaucho du trône; puis le bas, com-
posé de doux anges, do saint Jean-Baptiste et de saint Jérôme. En tout treize figures,
 
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