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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 8.1873

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Nr. 1
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Paliard, Charles-Benoît: Le couronnement de la Vierge d'après un carton de Raphaël: tapisserie retrouvée au Vatican
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https://doi.org/10.11588/diglit.21410#0094

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UNE TAPISSERIE RETROUVÉE AU VATICAN.

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C’est ainsi qu’à la villa que Jules do Médicis fit construire par Jules Romain, au
bas du monte Mario, pondant le règne de son cousin, Jean d’Udine exécuta au milieu
d’un bosquet une fontaine rustique composée de rochers habilement taillés on cas-
cade, et surmontée d’une immense tète de lion, en l’honneur de Léon X.

Ces deux nouveaux saints, mis à l’intention de Léon X, expliquent le changement
des ligures de saint Pierre et de saint Paul, qui sont dans le dessin d’Oxford, où l’on
ne retrouve que le couple divin, mais bien peu changé; la Vierge y a les mains croi-
sées sur la poitrine comme dans la Dispute; dans la tapisserie, Raphaël les a jointes
pour éviter une répétition ; puis, dans sa dernière coronazione, pour l’église de Sainte-
Marie du monastère des Clarisses de Monte-Luce, situé hors les murs de Pérouse, il
reprend pour les bras la pose do la Dispute.

Il est intéressant de lire ce qu’a écrit sur cette Coronazione de Monte-Luce
M. Gruyer, dans le deuxième volume de ses Vierges;on sait combien il est éclairé sur
l’œuvre du Sanzio, et avec quel talent il fait comprendre les inventions de ce sublime
génie, en communiquant au lecteur les sentiments dont il est si justement pénétré.

N’oublions pas de remarquer que Paul III, Farnèse, a fait placer ses armes sur cette
tapisserie de Léon X; on y trouve, au milieu de la bordure supérieure, son écu aux
six fleurs do lis blanches sur fond d’or, entouré de deux cornes d’abondance d’où sor-
tent deux guirlandes de fruits qui se rejoignent au-dessus des clefs croisées, sur-
montées de la tiare. Ces armes ont été évidemment ajoutées par lui; on sait qu’il était
coutumier du fait.

Dans la Vie de Michel-Ange par Vasari, il est dit: « Paul III voulut absolument que
Buonarotti continuât les travaux de la Sixtine ordonnés par son prédécesseur
Clément VII, il désirait enlever les armes de Jules II qui se trouvent dans cette
chapelle, pour les remplacer par les siennes; mais Michel-Ange s’v refusa... »

De plus, aux loges de Raphaël, à l’extrémité opposée au buste du Sanzio, au-dessus
de la porte qui conduit à la salle de Constantin, ne voit-on pas les armes de Paul III,
plus apparentes que celles de Léon X, pourquoi? C’est qu’il les avait fait réparer par
Jean d’Udine. A ce propos, Vasari s’exprime ainsi, ajuste titre, dans la Vie de cet
artiste : « Ces retouches à sec eurent le grave inconvénient de faire disparaître les
touches pleines de verve, de fraîcheur et de hardiesse qui donnaient tant de prix à cetle
production du meilleur temps de Giovanni. »

Suivant les habitudes de Rome, Paul III, en raison de cette restauration, avait à la
rigueur le droit de mettre ses armes, mais moins voyantes, et avec une inscription
au-dessous, qui indiquât qu’il avait seulement réparé le travail exécuté sous Léon X,
ce qu’il s’est gardé défaire. Pendant l’époque la plus illustre de l’art, sous Jules II,
Léon X et Clément VII, ce n’étaient pas les artistes qui signaient leurs grandes œuvres
à fresque, mais les papes qui les avaient commandées; c’était l’usage : aussi ne fallait-il
pas, aux loges, que, pour si peu, le successeur de Clément Vil put faire croire qu’il y
était pour le tout.

On lit aussi dans la Vie de Simone Mosca par Vasari : « Paul III, successeur de
Clément VII, ayant ordonné à cet architecte de clore le puits d’Orvieto et d’y pra-
tiquer des portes, il emmena le Mosca, et lui confia ce travail qui ne laissait pas d’of-
frir quelques difficultés; mais notre artiste s’en tira avec bonlieur.il fut ensuite forcé
d’y sculpter les lis des Farnèse dans les boules que présentait l'écusson des Médicis,
c’est-à-dire de remplacer par les armes de Paul III celles de Clément VII, bien que ce
dernier fût le véritable auteur de ce magnifique et royal monument. »
 
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