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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 8.1873

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Nr. 2
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Prudhomme, Sully: Quelques œuvres décoratives inédites
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https://doi.org/10.11588/diglit.21410#0097

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

inaliénables, incapables de faire l’objet d’une propriété particulière;
mais je n’ose pousser jusque-là mon paradoxe, surtout quand je trouve
dans leurs détenteurs une bonne grâce tout accueillante pour les curieux.

La maison où j’ai pu voir les œuvres décoratives dont je vais vous
entretenir est vouée aux arts. Si la qualité seule de notre hôte n’en était
une garantie ‘, nous en serions assurés dès le seuil : cinq tètes de femmes,
d’un très-noble caractère, symbolisant la peinture, la sculpture, l’archi-
tecture , la poésie et la musique, ont été sculptées sur la façade par
M. Charles Gauthier. Et voici, à l’entrée du vestibule, deux cariatides, de
M. Chapu, représentant l’une la Nature, l’autre la Tradition artistique. Il
n’est personne qu’elles ne doivent arrêter tout d’abord par l’ascendant
décisif de leur beauté. Pour passer outre sans les saluer, il faudrait être
bien cruellement pressé; nous ne le sommes point tant, contemplons-les
à notre aise. En cherchant à les décrire je sens l’harmonie de leurs lignes
rhythmer sournoisement ma phrase, et comme, au demeurant, la poésie
ne saurait être pire en vers qu’en prose, je m’abandonne sincèrement au
lyrisme et je rime un sonnet en leur honneur :

L’une, aux cheveux épars sous la rose et le lys,

Laissant rire à ses pieds le faune, aïeul de l’homme,

De son corps, qui respire une verdeur de pomme,

Déploie ingénument les contours bien remplis.

L’autre, aux cheveux tressés, drapée à larges plis.

Des chefs-d’œuvre de l’art trésorière économe,

Composant sa beauté des types qu’on renomme,

Offre aux yeux plus savants des traits plus accomplis.

Mais je ne sais des deux laquelle je préfère,

Laquelle est à mon cœur plus sacrée et plus chère :

Elles ont toutes deux la grâce et la fierté.

Chacune à sa rivale est dans mon culte unie
Au front orné de (leurs j’aime la liberté,

Au front ceint du bandeau j’admire le génie.

On se complaît, en effet, au rapprochement de ces deux statues; on
les compare avec un intérêt singulier. La seconde, de quelque nom qu’on
l’appelle, symbolise l’art; elle n’est toutefois et ne peut être que la pre-
mière interprétée, c’est-à-dire la nature même, dont l’art respecte lés
lois tout en lui imposant les siennes. Admirons d’abord la Nature dans sa

I. M. Paul Sédille, architecte.
 
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