DOI Heft:
Nr. 2
DOI Artikel:Lechevallier-Chevignard, Edmond: Causerie sur le Château de Blois
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
de cette navigation a privé la ville d’un élément pittoresque ; en retour,
l’arrivée actuelle est autrement saisissante qu’à l’époque où la diligence
de Paris vous déposait sur le quai, engourdi d’une route de vingt heures.
Le même trajet s’effectue maintenant en moins de quatre, et l’on gagne
Blois par la hauteur du plateau : on traverse le joli faubourg des Granges ;
le château déploie sa façade tout émaillée d’azur, de salamandres et de
fleurs de lis d’or. — Au delà de la station une brusque déclivité du ter-
rain montre la Loire, pour la première fois, sur une étendue de plusieurs
CHIFFRE DU ROI FRANÇOIS ïcc.
lieues; le beau fleuve apparaît dans sa tranquille majesté, contournant,
de ses plates et larges ondes, les grèves de sable qu’il entraîne avec
lui. — J’ai vu peu de sites où la grande voix du passé, les bruits de l’es-
pace s’unissent d’un plus mélancolique et plus pénétrant accord.
La Révolution trouva le château de Blois déjà bien déchu de sa splen-
deur; les capitaines-gouverneurs nommés par Louis XV et Louis XVI ne
daignaient même plus y résider. Heureux quand ils n’imitaient pas leur
collègue, M. de Marigny, employant sans scrupule les charpentes de
l’aile de Gaston d’Orléans à la construction de son château de Menars!
Pourtant ce frère de la marquise de Pompadour était réputé homme de
goût. — Quelques familles de gentilshommes pauvres habitaient la vieille
demeure royale et l’on comprend que son appropriation à des logis par-
ticuliers s’était faite au détriment des décorations intérieures. D’ailleurs
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
de cette navigation a privé la ville d’un élément pittoresque ; en retour,
l’arrivée actuelle est autrement saisissante qu’à l’époque où la diligence
de Paris vous déposait sur le quai, engourdi d’une route de vingt heures.
Le même trajet s’effectue maintenant en moins de quatre, et l’on gagne
Blois par la hauteur du plateau : on traverse le joli faubourg des Granges ;
le château déploie sa façade tout émaillée d’azur, de salamandres et de
fleurs de lis d’or. — Au delà de la station une brusque déclivité du ter-
rain montre la Loire, pour la première fois, sur une étendue de plusieurs
CHIFFRE DU ROI FRANÇOIS ïcc.
lieues; le beau fleuve apparaît dans sa tranquille majesté, contournant,
de ses plates et larges ondes, les grèves de sable qu’il entraîne avec
lui. — J’ai vu peu de sites où la grande voix du passé, les bruits de l’es-
pace s’unissent d’un plus mélancolique et plus pénétrant accord.
La Révolution trouva le château de Blois déjà bien déchu de sa splen-
deur; les capitaines-gouverneurs nommés par Louis XV et Louis XVI ne
daignaient même plus y résider. Heureux quand ils n’imitaient pas leur
collègue, M. de Marigny, employant sans scrupule les charpentes de
l’aile de Gaston d’Orléans à la construction de son château de Menars!
Pourtant ce frère de la marquise de Pompadour était réputé homme de
goût. — Quelques familles de gentilshommes pauvres habitaient la vieille
demeure royale et l’on comprend que son appropriation à des logis par-
ticuliers s’était faite au détriment des décorations intérieures. D’ailleurs