Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (2.Pér. 8.1873)

LA GRAVURE AU SALON

I.

a critique des journaux quotidiens con-
sacre un si grand nombre de feuilletons
aux tableaux et à la sculpture que c’est à
peine s’il lui reste parfois quelques lignes
pour signaler les meilleures planches des
graveurs. La Gazette ne saurait imiter ce
laconisme; par amour maternel et par de-
voir il lui appartient d’étudier attentive-
ment les productions chaque année plus
nombreuses et plus remarquables d’un art
qu’elle a si puissamment contribué à re-
mettre en honneur; elle a le droit, en effet, de constater avec un légi-
time orgueil que c’est absolument à sa féconde initiative que l’eau-forte
doit sa renaissance et la faveur toujours croissante dont ce genre de
gravure, aux séductions si profondément artistiques, jouit aujourd’hui
auprès de tous les connaisseurs. Mais grâce au dévouement de son ancien
directeur, la Gazelle exerce aussi sa part d’heureuse influence sur les
nobles travaux du burin; en fondant la Société française de Gravure
« en dehors de toute préoccupation commerciale », M. Emile Galicbon,
une de ces rares et précieuses natures d’exception qui possèdent au
plus haut degré le sentiment, le respect et la passion de l’Art,, a puis-
samment « contribué à encourager et à soutenir en France la gravure,
qu’un écrivain contemporain appelait récemment, et à juste titre, le plus
français de tous les arts ».

Les exposants étrangers sont peu nombreux; malgré tout le désir
de se montrer fort hospitalier, on doit à la vérité de reconnaître qu’ils ne
font guère brillante figure. Le burin de M. Frédéric Weber a cru traduire