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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 8.1873

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Nr. 2
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Decamps, Louis: Le Frans Hals de MM. C. Vosmaer et W. Unger
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https://doi.org/10.11588/diglit.21410#0182

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172

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

— c’est pure hypothèse que les œuvres connues, — seules hases
sérieuses de tout jugement, — rendent inadmissible ; les dates sont en
effet là pour répondre. Comment pourrait-on admettre qu’en 1616 ou 1617
Hais ait peint ce leste sujet que je ne critique nullement en tant que
sujet; je vous concède sans hésiter qu’il était parfaitement capable d’en
choisir de plus libres encore, mais je nie qu’il ait jamais pu les exécuter
de ce dessin sans tournure, de cette couleur si peu distinguée que domine
un horrible ton, mélange de lie de vin et de sirop de framboise, qui eût fait
reculer d’horreur l’illustre coloriste dont les œuvres authentiques les plus
communes par le sujet ou par le type sont d’une distinction absolue par
la composition, par le faire ou par la tonalité. Voyez la Mille Bobbe de la
collection de M. Suermondt, celle-là est bien indiscutable; c’est le der-
nier mot du vulgaire, cette hideuse femelle; le génie en a fait une pein-
ture éminemment distinguée. Mais Mille Bobbe est sans date, m’objectera-
t-on, et n’a sans doute été si merveilleusement brossée que lorsque
l’artiste était à l’apogée de son talent. Soit; mais la première planche de
M. Unger représente le Banquet des officiers des arquebusiers de Saint-
Georges-, ce banquet est de 1616; oserait-on exposer à côté de ce chef-
d’œuvre le Trio joyeux qui aurait été peint à la même époque? Mais il
n’en resterait rien tant l’écrasement serait absolu.

Ces erreurs-là sont très-respectables chez des particuliers qui aiment
à se bercer d’illusions, qui en arrivent à se convaincre qu’ils ont tout plein
de tableaux supérieurs à ceux du Louvre, et qui vous authentiquent une
peinture en donnant comme argument sans réplique leur garantie qu’une
date qui se lit au revers du panneau est de la main de l’artiste !

Nous avons, — et M. Vosmaer a plus que personne, — un trop pro-
fond respect de l’Art pour ne pas nous mettre soigneusement en garde
contre d’aussi regrettables erreurs. Depuis que Frans liais est enfin
classé connue il aurait toujours dû l’être, ses œuvres sont si recherchées
des amateurs que les faussaires se sont mis de la partie ; on en fabrique
régulièrement en Angleterre absolument comme on y fabrique des Cana-
letto et des Guardi, comme on y fabrique, aux portes d’Anvers, à Bor-
gerhout, des Teniers et des Hobbema. D’un autre côté, des marchands
démarquent régulièrement des Van der Vinne, des Verspronck, des Hais
fils, et les transforment en Frans Hais. Je me rappelle avoir rencontre
à La Haye les deux Vincent Laurensz. van der Vinne qui sont aujour-
d’hui au Metropolitan Muséum of Art de New-York; on y voyait
de superbes monogrammes de Hais; il a suffi de les toucher à 1 espnt-
de-vin, ils se sont évanouis. Si j’insiste sur les pièges dans lesquels on
est exposé à tomber quand il s’agit de tableaux anciens, et dont sont
 
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