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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 8.1873

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Nr. 3
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Ménard, René: Exposition de Vienne, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.21410#0222

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EXPOSITION DE VIENNE.

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sont nombreux au palais des beaux-arts, mais la place étant insuffisante
pour eux, on en a mis une grande partie dans les salles de l’industrie,
où ils encombrent littéralement la section italienne. Au reste on n’est
pas étonné de les trouver là, car si on excepte quelques œuvres sérieuse-
ment conçues, la sculpture semble être pour les Italiens une industrie
florissante plutôt qu’un art austère fait pour des esprits'd’élile.

L’Italie a des praticiens d’une habileté surprenante, mais l’inspira-
tion est souvent débile, et les sculpteurs de ce pays semblent méconnaître
ce principe que le fini perfectionne une œuvre jusqu’au moment où il la
dégrade en dégénérant en tours d’adresse. Tailler le marbre connue une
matière molle, produire l’illusion d’une étoffe ou d’une dentelle, imiter
la fourrure des quadrupèdes ou le plumage des oiseaux, lutter de finesse
avec le feuillage des plantes, s’éprendre des figures voilées et rendre
avec une perfection désespérante la gaze collée sur la peau, c’est assu-
rément faire preuve de talent et c’est un moyen infaillible de captiver
la foule. Cependant ces puérilités merveilleuses ne sauraient tenir lieu
d’une idée grande, élevée, sérieuse. Trop souvent on serait tenté de
croire que l’artiste interroge le marbre pour savoir le parti qu’il en peut
tirer, au lieu de le faire obéir à une pensée mûrement réfléchie.

Un bloc de marbre était si beau

Qu’un statuaire en fît l’emplette.

Qu’en fera, dit-il, mon ciseau?

Sera-t-il dieu, table ou cuvette?

C’est à M. Ussi qu’incombait surtout le devoir de maintenir en Italie
les traditions de la peinture d’histoire. Son Expulsion du duc d’Athènes,
qui lui avait valu en 1867 une des grandes médailles d’honneur, ne
figure pas à Vienne, où il est représenté par un autre grand tableau,
le Départ des pèlerins pour la Mecque. Le caractère exclusivement pitto-
resque du sujet ne comportait pas, ce me semble, une toile d’aussi
vaste dimension. La composition est d’ailleurs bien agencée, et on voit que
le peintre a fait un effort pour faire vibrer la lumière sur cette foule qui
va braver le soleil ardent du désert. En adoptant un genre pour lequel
il n’était pas préparé, il s’est privé de ressources que lui donne son
génie propre. M. Pasini, un-Italien que tous les Français connaissent, a
fait aussi une caravane, et sa petite toile en dit plus, comme impression
d’Orient, que le grand tableau de M. Ussi ; mais ce dernier reprendra toute
sa valeur quand il voudra peindre dans le mode qui lui est propre, car
personne en Italie n’a plus que lui le sentiment d’une composition dra-
 
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