LES GRANDES COLLECTIONS ÉTRANGÈRES1.
II.
M. JOHN W. WILSON.
i.
BANDONNER galamment au Louvre
un Constable qu’on a vaillamment
poussé jusqu’à 56,000 francs et
qu’on s’est fait adjuger à ce prix,
lui en donner un second par-dessus
le marché, voilà un luxe qui n’est
pas le fait de tout le monde. Pour
se payer aussi coûteuse fantaisie,
il faut être puissamment million-
naire et légèrement excentrique,
ou, — pour tout dire en un mot,—
il faut être Anglais. Il faut aimer
l’art encore plus que les tableaux. Il faut enfin avoir réuni une galerie
assez importante pour que la disparition de deux œuvres d’un peintre
aussi estimé que John Constable n’y .laisse pas un vide trop sensible. Tel
est précisément le cas de M. John AV. Wilson, dont la collection de
tableaux anciens et modernes exposée depuis le 15 août à Bruxelles au
profit des pauvres de cette ville est en passe de devenir célèbre. Le
fait qui a pour la première fois appelé l’attention publique sur cette
galerie particulière donnait à penser qu’elle était principalement con-
sacrée aux peintres anglais, aux compatriotes du collectionneur, mais si
l’école anglaise y est représentée par des œuvres remarquables, — de
même que l’école flamande et l’école française, — c’est l’école hollan-
daise qui v occupe la plus grande place ; et cette bizarrerie apparente
1. Voir Gazette des Beaux-Arts, 2e période, t. VI, p. 812 et t. VU, p. 6â et 382.
II.
M. JOHN W. WILSON.
i.
BANDONNER galamment au Louvre
un Constable qu’on a vaillamment
poussé jusqu’à 56,000 francs et
qu’on s’est fait adjuger à ce prix,
lui en donner un second par-dessus
le marché, voilà un luxe qui n’est
pas le fait de tout le monde. Pour
se payer aussi coûteuse fantaisie,
il faut être puissamment million-
naire et légèrement excentrique,
ou, — pour tout dire en un mot,—
il faut être Anglais. Il faut aimer
l’art encore plus que les tableaux. Il faut enfin avoir réuni une galerie
assez importante pour que la disparition de deux œuvres d’un peintre
aussi estimé que John Constable n’y .laisse pas un vide trop sensible. Tel
est précisément le cas de M. John AV. Wilson, dont la collection de
tableaux anciens et modernes exposée depuis le 15 août à Bruxelles au
profit des pauvres de cette ville est en passe de devenir célèbre. Le
fait qui a pour la première fois appelé l’attention publique sur cette
galerie particulière donnait à penser qu’elle était principalement con-
sacrée aux peintres anglais, aux compatriotes du collectionneur, mais si
l’école anglaise y est représentée par des œuvres remarquables, — de
même que l’école flamande et l’école française, — c’est l’école hollan-
daise qui v occupe la plus grande place ; et cette bizarrerie apparente
1. Voir Gazette des Beaux-Arts, 2e période, t. VI, p. 812 et t. VU, p. 6â et 382.