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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 8.1873

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Nr. 4
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Ménard, René: Exposition de Vienne, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.21410#0363

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

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cour, et lorsqu’on voit les grandes collections formées au xvip siècle par
Charles Ier, le comte Arundel, le duc de Buckingham, etc., on est tenté
de penser que l’impulsion donnée par la peinture à la sculpture sous
le règne de Louis XIV aurait eu son pendant de l’autre côté du détroit.
C’est peut-être à sa révolution que l’Angleterre doit de n’avoir pas subi
comme toute l’Europe le goût régnant à Versailles, et d’avoir eu une
école venue il est vrai plus tard que les autres, mais absolument indé-
pendante de toute influence officielle.

En effet, les collections royales ayant été dispersées, les établisse-
ments en faveur des arts que projetait la monarchie ayant été anéantis
dès leur berceau, le clergé anglican s’élevant contre la peinture religieuse
qu’il considérait comme une arme de la papauté, et la taquinerie des
oppositions parlementaires repoussant toute allocation en faveur des arts
comme un moyen de corruption dont la couronne pourrait abuser, l’art
anglais s’est formé complètement en dehors de l’Etat et par la seule ini-
tiative individuelle. Lorsqu’il fonda l’Académie de peinture en 1768, Rey-
nolds travaillait sur un sol vierge, et il put s’écrier à la séance d’ou-
verture : Nous n’avons rien à désapprendre. Ainsi livréee à elle-même,
l’école anglaise, obéissant à tous .les caprices de la mode, recommençant
à chaque génération les mêmes expériences, ne tenant aucun compte de
ce qui se faisait sur le continent et se laissant aller sans contrôle à ses
propres engouements, garda toujours une individualité très-prononcée,
mais ne s’éleva jamais à ces hauteurs idéales où l’art cesse d’être une
expression locale et répond aux aspirations de l’humanité entière. Je
dois dire que depuis quelques années le gouvernement anglais, pour
donner à la peinture monumentale une impulsion qui lui avait manqué
jusqu’ici, s’est efforcé démarcher sur les traces de la France en faisant
exécuter quelques grands travaux décoratifs; mais je 11e pense pas que les
peintures récemment exécutées au palais de Westminster ajoutent beau-
coup à la gloire artistique de l’Angleterre. L’art anglais, dans ce qu’il a
de caractéristique, ne peut être étudié que d’après le tableau de chevalet,
tableau qu’achète le particulier pour satisfaire un goût personnel et
pour le placer dans un appartement au même titre que les meubles ou
les livres.

L’exposition de Vienne ne représente que très-imparfaitement l’école
anglaise, dont les abstentions ont été fort nombreuses. L’Angleterre, qui
n’a demandé qu’une salle pour les tableaux à l’huile et une autre plus
petite pour l’aquarelle et la statuaire, a voulu faire acte de présence, et
rien de plus. Parmi les tableaux qu’elle a envoyés, on compte quelques
ouvrages importants, mais se rattachant à une période déjà ancienne, et
 
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