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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 8.1873

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Nr. 4
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Tal, F. del: J.-M. Garnier, Histoire de l'imagerie populaire et des cartes à jouer à Chartres: [Rezension]
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https://doi.org/10.11588/diglit.21410#0389

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L’IMAGERIE POPULAIRE EJ LES CARTES A JOUER.

3.71

Le coloris se faisait au moyen de cartons découpés, appelés patrons : chaque cou-
leur possédait le sien. Ces patrons, d’une épaisseur équivalente à de la carte lisse de
force moyenne, devaient offrir le plus d’imperméabilité possible que Ton obtenait en
les baignant dans une huile de noix brûlée et de litharge, auxquelles on ajoutait les
cendres des vieux patrons et d’os de cheval calcinés.

Les couleurs employées pour la peinture des images étaient peu nombreuses, elles
se réduisaient aux suivantes : rouge, bleu, jaune et brun, et rouge clair appelé rosette.
« Le violet et le vert venaient aussi les varier, mais ces couleurs n’étaient pas pour le
fabricant un surcroît de main-d’œuvre. La superposition du rouge et du bleu donnait
la première; avec le jaune et le bleu on obtenait le vert. Quant à la couleur chair, son
emploi était très-limité : ce n’est que dans les dernières années d’existence de la fabri-
que qu’on en a fait usage sur toutes les images de la maison. »

Les images n’étaient pas les seuls produits que fabriquaient les dominotiors char-
trains. C’étaient eux encore qui imprimaient au moyen du tampon des cartes, des
papiers coloriés en bleu ou en rose qui, sous le nom de papier indienne, décoraient
les boîtes de veilleuses, les cartons, les livres d’école... et des tours de lit imitant des
draperies terminées par des glands dont les Beauceronnes et les Percheronnes soi-
gneuses entouraient leurs rideaux pour les garantir des mouches.

Des marchands ambulants se chargeaient du débit de ces images fabriquées avec
des outils si primitifs. Mais le fort de la vente se faisait, au commencement de ce siè-
cle. par des colporteurs originaires de la Haute-Garonne. Chacun de ces colporteurs
avait sous ses ordres quatre ou cinq enfants du pays, de tout âge et de toute taille,
qu’il décorait pompeusement du nom de domestiques. La balle au dos et le rouleau
d’images à la main, ces derniers parcouraient les communes, hameaux, fermes, etc. Le
chef leur accordait un petit salaire proportionné au rang qu’ils occupaient dans leur
état de domesticité; quant à leur nourriture, il ne s’en inquiétait guère: le bon cœur
des habitants des campagnes était la providence de ces pauvres enfants. Le morceau
de pain et la soupe qu’on lui donnait généreusement suffisaient au petit marchand d’ima-
ges, qui avait ensuite pour se roposer la litière de l’étable... « Chacun des chefs de ces
caravanes avait ordinairement un âne à son service, pour porter le gros de la marchan-
dise. Ainsi organisées, elles sillonnaient toute la France, et les villes frontières de
l’empire recevaient aussi leurs visites. » Leur assortiment se composait de christs de
divers modèles, de vierges en renom, des scènes tirées de l’Ancien et du Nouveau Tes-
tament, telles que la Création du monde, l’Enfant prodigue, le Mariage de la Vierge, les
douze Sibylles, les Vierges foliés : sujets que le peuple recherchait dès le xv° siècle.
Les portraits du Christ et des vierges se détachaient sur des fonds de diverses nuances,
rouge, bleu, violet ou noir. Les images de cette dernière couleur étaient principale-
ment achetées dans les familles que le deuil avait visitées.

Mais si la vente des images paraissait être principalement du ressort des colpor-
teurs de la Gascogne, une autre province de la France fournissait à son tour ses
représentants pour une industrie qui a son analogie avec le commerce de l’imagerie
populaire.

Cette province est la Lorraine. C’était de ce pays qu’arrivaient ces industriels
nomades, à l’air pieux et contrit, et paraissant créés tout exprès pour venir en aide à
la glorification du règne de Dieu. Si le Gascon laissait sa femme dans les montagnes,
il n’en était pas de môme des colporteurs lorrains; ces derniers ne voyageaient que
par couples, autour desquels grouillaient parfois plusieurs rejetons.
 
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