DOI Heft:
Nr. 4
DOI Artikel:Decamps, Louis: Correspondance, [2]
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
384
Presque tous les amateurs qui rencontrent un portrait allemand du xvi“ siècle n’hé-
sitent pas, s’il est d’un beau caractère, à le donner à Holbein, qui est irresponsable do
ces trop nombreux cadeaux. M. Suermondt, lui, a la rare bonne fortune de posséder
un Holbein que Ton ne saurait loyalement mettre en doute, un Holbein qui n’est ni
de Hans le vieux, ni d’Ambroise ou de Sigismond, ni d’aucun des meilleurs portrai-
tistes, ses contemporains : c’est un Hans Holbein le jeune, a /irst raie one, et je no
saurais trouver de formules trop laudatives pour en parler. Ce n’est qu’une gouache,
buste d’homme de trois quarts; mais cette gouache est d’un modelé, d’une coloration
et d’une tournure à éclipser une foule de peintures à l’huile. C’est à la vente Le Roy-
Ladurie que M. Suermondt a conquis cette merveille, et à bon marché — sept à huit
mille francs. Citons encore, en Allemands, Altdorfer et Aldegrever, Aldegrever surtout;
en Espagnols, Saint Sébastien percé de flèches, toile capitale de Ribera, un grand
praticien; et, pour le reste, demeurons-en là.
Les dessins nous réclament. Ici, pas d’hésitation possible, toute réserve serait une
injustice. La collection a besoin d’être classée, chaque dessin d’être monté séparément
et avec goût; mais cela est.étranger à leur mérite, qui est immense. Impossible de
tout énumérer; il faudrait un article spécial pour parler dignement de cette superbe
réunion; un particulier n’en possède guère de plus belle.
Limité par l’espace, je dois me borner à constater que toutes les écoles ont
d’admirables représentants; et cependant ce n’est pas l’envie qui me manque d’étu-
dier ici les sanguines de Léonard, de Rembrandt et do Van der Meer de Delft, les
croquis à la plume, s’il est permis de les appeler des croquis, de Raphaël, du Titien,
d’Albert Durer, du vieux Cranach, de Murillo et do Claude, les aquarelles du Titien, de
Melchior de Hondccoeter et de Jacob de Wit, et tant d'autres dessins précieux de
Rubens, de Van Dyck, d’Albert Cuvp, de Frans Hais, de Nicolas Haas, de Van Goyen,
de Jacob Ruvsdael, do Snyders, de Watteau, de Boucher, etc., etc.
En terminant, prenons rendez-vous, mon ami, à la prochaine exposition do la Société
néerlandaise de bienfaisance, et souhaitons que pour l’organiser son digne président
s’adresse à un homme qui n’y prenne point part et qui joigne au savoir le plus profond
un caractère fermé à toute complaisance. On formera de la sorte une exhibition d’un
splendeur exempte d’alliage, et nul n’v applaudira plus sincèrement que nous tous, dont
les merveilles artistiques semées de par le monde sont le patrimoine idéal.
LOUIS DECAMPS.
Le Rédacteur-Gérant : RENÉ MÉNARD.
PARIS.-J. c I. A Y l£, l M Fit 1MEU K, 1 , K U K SAINT-BENOIT. — [1380]
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Presque tous les amateurs qui rencontrent un portrait allemand du xvi“ siècle n’hé-
sitent pas, s’il est d’un beau caractère, à le donner à Holbein, qui est irresponsable do
ces trop nombreux cadeaux. M. Suermondt, lui, a la rare bonne fortune de posséder
un Holbein que Ton ne saurait loyalement mettre en doute, un Holbein qui n’est ni
de Hans le vieux, ni d’Ambroise ou de Sigismond, ni d’aucun des meilleurs portrai-
tistes, ses contemporains : c’est un Hans Holbein le jeune, a /irst raie one, et je no
saurais trouver de formules trop laudatives pour en parler. Ce n’est qu’une gouache,
buste d’homme de trois quarts; mais cette gouache est d’un modelé, d’une coloration
et d’une tournure à éclipser une foule de peintures à l’huile. C’est à la vente Le Roy-
Ladurie que M. Suermondt a conquis cette merveille, et à bon marché — sept à huit
mille francs. Citons encore, en Allemands, Altdorfer et Aldegrever, Aldegrever surtout;
en Espagnols, Saint Sébastien percé de flèches, toile capitale de Ribera, un grand
praticien; et, pour le reste, demeurons-en là.
Les dessins nous réclament. Ici, pas d’hésitation possible, toute réserve serait une
injustice. La collection a besoin d’être classée, chaque dessin d’être monté séparément
et avec goût; mais cela est.étranger à leur mérite, qui est immense. Impossible de
tout énumérer; il faudrait un article spécial pour parler dignement de cette superbe
réunion; un particulier n’en possède guère de plus belle.
Limité par l’espace, je dois me borner à constater que toutes les écoles ont
d’admirables représentants; et cependant ce n’est pas l’envie qui me manque d’étu-
dier ici les sanguines de Léonard, de Rembrandt et do Van der Meer de Delft, les
croquis à la plume, s’il est permis de les appeler des croquis, de Raphaël, du Titien,
d’Albert Durer, du vieux Cranach, de Murillo et do Claude, les aquarelles du Titien, de
Melchior de Hondccoeter et de Jacob de Wit, et tant d'autres dessins précieux de
Rubens, de Van Dyck, d’Albert Cuvp, de Frans Hais, de Nicolas Haas, de Van Goyen,
de Jacob Ruvsdael, do Snyders, de Watteau, de Boucher, etc., etc.
En terminant, prenons rendez-vous, mon ami, à la prochaine exposition do la Société
néerlandaise de bienfaisance, et souhaitons que pour l’organiser son digne président
s’adresse à un homme qui n’y prenne point part et qui joigne au savoir le plus profond
un caractère fermé à toute complaisance. On formera de la sorte une exhibition d’un
splendeur exempte d’alliage, et nul n’v applaudira plus sincèrement que nous tous, dont
les merveilles artistiques semées de par le monde sont le patrimoine idéal.
LOUIS DECAMPS.
Le Rédacteur-Gérant : RENÉ MÉNARD.
PARIS.-J. c I. A Y l£, l M Fit 1MEU K, 1 , K U K SAINT-BENOIT. — [1380]