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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 8.1873

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Nr. 6
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Duplessis, Georges: Célestin Nanteuil
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https://doi.org/10.11588/diglit.21410#0559

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CÉLESTIN NANTEUIL.

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exclu de l’École des beaux-arts. 11 n’en fallut pas davantage pour que
l’élève, inconnu la veille, acquît dans un certain monde une apparence
de notoriété. C’était aux yeux de quelques-uns des novateurs une bonne
note d’être jugé indigne de recevoir l’instruction officielle. Celui qui avait
été atteint par celte mesure sévère devenait une victime immolée aux
préjugés classiques, un martyr de la foi romantique. La place de Nan-
teuil était désormais marquée parmi les réformateurs de l’art. Jamais un
pèlerinage à la rue Notre-Dame-des-Champs ne se faisait sans qu’il y
assistât; à toutes les premières représentations des pièces de théâtre qui
devaient soulever des orages Nanteuil était convié. Il se mêlait à la foule
des enthousiastes, et, grâce à sa haute taille, à la passion qu’il mettait
dans tout ce qu’il faisait, il semblait donner le signal des applaudisse-
ments et être le guide de cette troupe turbulente, mais disciplinée à sa
façon, qui entendait imposer au public une littérature à laquelle il avait
besoin de quelque temps pour s’habituer. Les chefs du mouvement
avaient remarqué ce grand jeune homme qui se trouvait toujours au pre-
mier rang les soirs de combat; ils s’étaient informés de son nom, et dès
qu’ils eurent appris et sa qualité d’artiste et sa disgrâce, ils résolurent
de l’attirer à eux, de l’enrôler sous leur drapeau. Ils n’eurent pas grancl’-
peine à voir leurs désirs satisfaits. Célestin Nanteuil, qui n’avait pas de
travaux, ne demanda pas mieux que d’accepter les propositions qui lui
furent faites par Eugène Renduel, l’éditeur habituel des écrivains de la
jeune école, d’orner de planches les ouvrages qu’il mettait au jour. C’est
ainsi que furent composés un certain nombre de frontispices et quelques
vignettes qui accompagnent les éditions princeps des œuvres de Victor
Hugo, d’Alexandre Dumas, de Gérard de Nerval et de Petrus Borel. De
1832 à 1840 il ne parut guère de livres inspirés par la littérature
romantique sur le titre desquels le nom de Nanteuil ne fût pas imprimé.
Les planches qui se trouvent dans ces volumes sont gravées à l’eau-forte.
L’inexpérience du procédé n’était rachetée ni par une composition bien
disposée, ni par un dessin correct, et il faut reconnaître qu’un parti pris
formel de trouver bien ce qui n’est que bizarre et incorrect a seul pu
faire donner l’épithète à’admirables à quelques-uns de ces essais que
plus tard Nanteuil ne devait pas être très-fier d’avoir signés.

Il serait du reste plus que maladroit d’aller rechercher dans ces ou-
vrages des témoignages significatifs du talent de Célestin Nanteuil; il ne
faut voir dans ces eaux-fortes que les essais d’un jeune homme sans
expérience voulant à tout prix se singulariser et croyant de cette façon
attirer à lui le succès. Les tableaux que cet artiste envoyait aux exposi-
tions annuelles pendant cette même période ne valaient pas beaucoup
 
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