LES FRESQUES DE RAPHAËL A LA FARNÉSINE.
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liant surtout, c’étaient des tableaux historiques ou religieux, tous égale-
ment consacrés à célébrer la gloire de la papauté et le triomphe du
dogme chrétien. Ce qu’après Jules II allait réclamer de lui Léon X,
c’était pour les Loges une série de peintures racontant, dans un détail
où n’avait pu entrer Michel-Ange, la suite de l’histoire sainte, servant
d’illustration à la Bible : c’était, pour les tapisseries du Vatican, une série
de cartons où se déroulassent les miracles de la primitive Eglise, des
Actes des Apôtres.
Et pourtant, elles étaient là devant ses yeux et qui l’appelaient, vi-
vantes, animées, radieuses, les sereines apparitions de la Grèce et de
l’Italie antique, toute lumière, toute force, toute joie ! Lui faudrait-il
donc les garder pour lui seul, les refouler en lui-même? Si elles n’étaient
guère à leur place dans la demeure du vicaire de Jésus-Christ, en revanche,
où pouvaient-elles être mieux placées que sur les murailles profanes de
la villa joyeuse d'un heureux du siècle, à qui sur la terre tout souriait? Il
les voyait par avance ces figures superbes sur les murailles nues, appa-
raître à son appel, ressusciter dans le mouvement et la joie, réveillées de
leur long sommeil, toujours jeunes, toujours triomphantes, vraiment im-
mortelles, vraiment dignes de l’admiration des hommes. Comment Ra-
phaël eût-il pu résister à la tentation? On peut affirmer qu’il ne songea
même pas à lui résister. L’occasion que lui offrait Chigi, c'était celle
même qu’en son cœur il devait le plus ardemment désirer.
CHARLES BIGOT.
(La suite prochainement.)
WP
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liant surtout, c’étaient des tableaux historiques ou religieux, tous égale-
ment consacrés à célébrer la gloire de la papauté et le triomphe du
dogme chrétien. Ce qu’après Jules II allait réclamer de lui Léon X,
c’était pour les Loges une série de peintures racontant, dans un détail
où n’avait pu entrer Michel-Ange, la suite de l’histoire sainte, servant
d’illustration à la Bible : c’était, pour les tapisseries du Vatican, une série
de cartons où se déroulassent les miracles de la primitive Eglise, des
Actes des Apôtres.
Et pourtant, elles étaient là devant ses yeux et qui l’appelaient, vi-
vantes, animées, radieuses, les sereines apparitions de la Grèce et de
l’Italie antique, toute lumière, toute force, toute joie ! Lui faudrait-il
donc les garder pour lui seul, les refouler en lui-même? Si elles n’étaient
guère à leur place dans la demeure du vicaire de Jésus-Christ, en revanche,
où pouvaient-elles être mieux placées que sur les murailles profanes de
la villa joyeuse d'un heureux du siècle, à qui sur la terre tout souriait? Il
les voyait par avance ces figures superbes sur les murailles nues, appa-
raître à son appel, ressusciter dans le mouvement et la joie, réveillées de
leur long sommeil, toujours jeunes, toujours triomphantes, vraiment im-
mortelles, vraiment dignes de l’admiration des hommes. Comment Ra-
phaël eût-il pu résister à la tentation? On peut affirmer qu’il ne songea
même pas à lui résister. L’occasion que lui offrait Chigi, c'était celle
même qu’en son cœur il devait le plus ardemment désirer.
CHARLES BIGOT.
(La suite prochainement.)
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