BIBLIOGRAPHIE.
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VII. La Hongrie, de l’Adriatique au Danube, impressions de voyage par Victor
Tissot. In-4° de 412 pages, illustré de 18 héliogravures d’après Valério et
deplusdelôO gravures dansle texte, dontlOO dessins de Poirson. Librairie
E. Plon et C!e, 10, rue Garancière.
Le nom et les ouvrages de M. Victor Tissot ont fait grand bruit dans
ces dernières années : c’est un voyageur singulièrement perspicace, voyant
bien les choses qu’il a sous les yeux et devinant les autres. Pour s’en rendre
compte, il n’est pas nécessaire de remonter plus loin que son avant-dernier
livre, La Russie et les Russes. Le dernier, consacré à la Hongrie, va être
pour le spirituel écrivain l’occasion d’un nouveau succès. Il ne pouvait
du reste rencontrer un terrain plus propice aux découvertes curieuses et
pittoresques que ce pays légendaire jeté comme un trait d’union entre
l’Orient et l’Occident. C’est une des dernières contrées où les mœurs, les
usages et les costumes aient conservé, avec les traditions d’autrefois, leur
physionomie originale.
L’illustrateur de ce livre était tout désigné : ce devait être Valério,
l’excellent artiste dont la Gazette a précisément fait connaître autrefois
quelques-uns des dessins recueillis sur les bords du Danube et de la
Theiss, où il séjourna pendant deux ans. « Ce pays, étrange comme un
rêve, a dit Théophile Gautier, Valério l’a visité et parcouru dans tous les
sens, étudiant chaque race au point de vue ethnographique, et tâchant
de joindre à la couleur du peintre l’exactitude du naturaliste, d’après le
conseil judicieux de M. de Humboldt, qui l’a engagé à faire ce travail an-
thropologique et pittoresque. Valério a réuni et fixé des types caractéris-
tiques et curieux, des costumes sauvagement pittoresques, qui ne tar-
deront pas à disparaître sous le niveau de la civilisation, et dont ses
aquarelles seront bientôt le seul témoignage ; aucun peintre ne s’était
jusqu’à lui hasardé à travers ces plaines immenses où galopent des bandes
de chevaux en liberté; ces landes de bruyère où le tzigane joue du violon
sur le seuil du cabaret hanté par les bandits ; ces puszta que domine le
berger rêveur, immobile comme une statue sous son épais manteau im-
perméable à la pluie, dont les fils grisâtres hachent le ciel brumeux ;
ces marécages drapés d’herbes aquatiques ; ces routes, ornières de
boue, qui cahotent si durement le chariot de poste attelé de petits chevaux
échevelés et maigres...»
Quant aux dessins de M. Poirson, ils ont été exécutés avec beaucoup
d’esprit et de verve d’après des documents originaux, et en se servant de
l’album de croquis de M. Tissot.
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VII. La Hongrie, de l’Adriatique au Danube, impressions de voyage par Victor
Tissot. In-4° de 412 pages, illustré de 18 héliogravures d’après Valério et
deplusdelôO gravures dansle texte, dontlOO dessins de Poirson. Librairie
E. Plon et C!e, 10, rue Garancière.
Le nom et les ouvrages de M. Victor Tissot ont fait grand bruit dans
ces dernières années : c’est un voyageur singulièrement perspicace, voyant
bien les choses qu’il a sous les yeux et devinant les autres. Pour s’en rendre
compte, il n’est pas nécessaire de remonter plus loin que son avant-dernier
livre, La Russie et les Russes. Le dernier, consacré à la Hongrie, va être
pour le spirituel écrivain l’occasion d’un nouveau succès. Il ne pouvait
du reste rencontrer un terrain plus propice aux découvertes curieuses et
pittoresques que ce pays légendaire jeté comme un trait d’union entre
l’Orient et l’Occident. C’est une des dernières contrées où les mœurs, les
usages et les costumes aient conservé, avec les traditions d’autrefois, leur
physionomie originale.
L’illustrateur de ce livre était tout désigné : ce devait être Valério,
l’excellent artiste dont la Gazette a précisément fait connaître autrefois
quelques-uns des dessins recueillis sur les bords du Danube et de la
Theiss, où il séjourna pendant deux ans. « Ce pays, étrange comme un
rêve, a dit Théophile Gautier, Valério l’a visité et parcouru dans tous les
sens, étudiant chaque race au point de vue ethnographique, et tâchant
de joindre à la couleur du peintre l’exactitude du naturaliste, d’après le
conseil judicieux de M. de Humboldt, qui l’a engagé à faire ce travail an-
thropologique et pittoresque. Valério a réuni et fixé des types caractéris-
tiques et curieux, des costumes sauvagement pittoresques, qui ne tar-
deront pas à disparaître sous le niveau de la civilisation, et dont ses
aquarelles seront bientôt le seul témoignage ; aucun peintre ne s’était
jusqu’à lui hasardé à travers ces plaines immenses où galopent des bandes
de chevaux en liberté; ces landes de bruyère où le tzigane joue du violon
sur le seuil du cabaret hanté par les bandits ; ces puszta que domine le
berger rêveur, immobile comme une statue sous son épais manteau im-
perméable à la pluie, dont les fils grisâtres hachent le ciel brumeux ;
ces marécages drapés d’herbes aquatiques ; ces routes, ornières de
boue, qui cahotent si durement le chariot de poste attelé de petits chevaux
échevelés et maigres...»
Quant aux dessins de M. Poirson, ils ont été exécutés avec beaucoup
d’esprit et de verve d’après des documents originaux, et en se servant de
l’album de croquis de M. Tissot.