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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 27.1883

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Nr. 2
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Mantz, Paul: Le père de Nicolas Berchem
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https://doi.org/10.11588/diglit.24259#0197

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

stvle Louis XIV et portait déjà le signe des décadences prochaines. Pierson, d’ail-
leurs, est mort en 1714. Or notre Déjeuner est une peinture à la Héda, un morceau
sincère et du bon temps. Avec la date 1642, on y lit un monogramme formé d’un P

prudence à faire envie au serpent. On nous avait pourtant parlé du monogramme P. C.
ou C. P., et nous savions qu'il en était question dans les livres. Un jour, comme nous
flânions à Bruxelles avec Burger, et comme notre conversation, dirigée vers les
peintres de nature morte, sautait gaiement de Héda à Kalf, en passant par Albert.
Cuvp et le père de Paul Potter, mon interlocuteur me dit, avec l’accent de la certitude :
« Sachez que toutes les fois que vous rencontrerez un tableau de stül-life signé du
monogramme composé d’un P et d’un C, vous pourrez hardiment l’attribuer à Clara
Peeters ». Je baissai la tête avec l’humilité d’un disciple; mais, en qualité de critique
désireux de rester libre, je me promis de chercher des preuves.

Or il n’y a jamais eu de preuves. Où donc l’excellent Burger avait-il pris le droit
de parler sur un ton aussi affirmatif de Clara Peeters, de son talent comme peintre de
nature morte et de son monogramme? Dans les livres, sans doute. Mais les textes des
spécialistes ne donnent rien qui puisse faire naître une conviction dans l’esprit : leurs
déclarations sont des incertitudes mal déguisées.

François Brulliot est curieux à entendre. Après avoir reproduit en marge le signe
P. C., accompagné de la date 1648, l’auteur du Dictionnaire des monogrammes
(Munich, 1832) ajoute ce qui suit : « Pottenburg (Corneille), artiste inconnu. On lui
attribue la marque ci-mentionnée, qui se trouve sur des tableaux représentant des
sujets inanimés. Il est plutôt à croire que cette marque appartient encore à Clara
Peeters, qui a peint dans la même manière ». Et Brulliot renvoie à ce qu’il a déjà dit
de cette virtuose (n° 1239). Là, il figure le monogramme que nous connaissons; mais
qui, combiné avec un F, a un caractère tout différent, et il écrit : « Peeters (Clara),
artiste sur laquelle nous n’avons pas trouvé de renseignements. On voit la marque ci-
mentionnée, ou son nom Clara Peeters pinx., ou le nom de baptême Clara P., sur
des tableaux représentant des sujets inanimés, qui sont d’une exécution belle, mais un
peu sèche : ils portent le caractère de l’école flamande ».

Avec M. Siret la question reste au même point. L’écrivain reproduit à la fois,
comme la marque de Clara Peeters le chiffre P. C. et la combinaison P. C. F., qui ne
semble pas appartenir au même peintre, et il essaye de caractériser sa manière : «Pin-
ceau hardi, touche de maître ». Il rappelle en outre que Je catalogue du Musée de
Madrid enregistre quatre tableaux de Clara Peters ou Peeters, un entre autres, Flores y
comestibles, qui porterait, avec la firma de l’auteur, une date étrange, 1611. M. Siret
ne pouvait prévoir que ces indications, plus ou moins exactes, ne seraient pas repro-
duites dans la nouvelle édition du catalogue de M. P. de Madrazo (1878). Sans doute
les quatre tableaux, jadis attribués à Clara Peeters, sont encore à Madrid ; mais, si la
description en a été bien faite, elle donne à penser, car il n’est plus question de la 1

et d’un C. Nous reproduisons cette marque énigmatique, en
la dédiant aux esprits curieux. Le problème vaudrait la peine
d’être résolu. Le maître P. C. est incontestablement un vail-

, ’ lant pinceau1 ».

On remarquera combien cette littérature était peu compro-
mettante. Aucune affirmation, pas même une conjecture; une

1. Gazette des Beaux-arts, 2e période, t. IX, p. 526.
 
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