Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 27.1883

DOI issue:
Nr. 3
DOI article:
Mantz, Paul: Rubens, 6
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.24259#0218

DWork-Logo
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
20k

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

à Rome. Un bon juge, M. Henri Hymans, déclare que, clans cette œuvre,
de médiocre importance d’ailleurs, notre peintre se montra « dessina-
teur patient autant que correct. » Cette observation n’a rien qui doive
surprendre: Rubens, en sa manière primitive, est toujours préoccupé de
bien écrire son trait : il s’applique, il aime l’antiquité, il la respecte en
la corrigeant et il a pris plaisir à s’associer à l’œuvre fraternelle.

Philippe Rubens, fort estimé des Anversois, était d’ailleurs en situation
de faire son chemin dans les magistratures municipales. On n’oubliait pas
qu’il était docteur in utroque jure • on se rappelait que son père avait été
échevin d’Anvers et l’on songea naturellement à lui lorsque le stadssc-
kretaris Jean Boghe vint à mourir. Le 1 h janvier 1609, Philippe fut
pourvu de l’office vacant. Une difficulté imprévue se produisit alors.
Philippe Runens était né à Cologne. Quelques gens de méchante humeur,
feignant d’ignorer ses origines et celles de son père, se plurent à regarder
sa nationalité comme incertaine et, par suite, critiquèrent sa nomination.
La question dut être portée devant les archiducs qui, dans des lettres
patentes du 19 janvier, déclarèrent sur un ton très ferme que la querelle
était de fort mauvais goût, que maître Philippe Rubens était un Brabançon
très authentique, mais que « en tant que besoing » ils lui accordaient le
bénéfice de la naturalisation. Cette décision souveraine imposa silence
aux chercheurs de chicanes, et Philippe entra en possession de sa charge
de secrétaire de la ville.

Si nous avons rappelé ce détail, qui semble tout d’abord en dehors de
notre propos, c’est que nous croyons y voir une preuve nouvelle de la
bienveillance que les archiducs professaient pour la famille de Rubens et
du désir qu’ils avaient de complaire au peintre lui-même et de le con-
server à la Flandre. On n’a pas oublié la lettre qu’Albert écrivait, le
h août 1607, au duc de Mantoue et dont le sens pourrait se résumer ainsi :
« Mon cher duc, vous gardez Rubens trop longtemps : renvoyez-le-moi. »
Certes, l’occasion était bonne pour ressaisir le peintre qui, en raison des
promesses faites, pouvait se croire obligé de retourner en Italie. Rubens
était visiblement l’espérance du pays flamand : l’archiduc et son entourage
ne l’avaient pas un instant perdu de vue pendant sa longue absence. L’em-
pêcher de repartir, c’était l’idéal. Conformément aux usages du xvne siècle,
la cour de Bruxelles imagina d'abord d’attendrir Rubens par l’octroi
d’un cadeau qui ne s’offrait qu’aux privilégiés. M. Alexandre Pinchart a pu-
blié une lettre en date du 8 août 1609, par laquelle le garde des joyaux
de l’archiduc invite un comptable inconnu à payer au platero, c’est-
à-dire à l’orfèvre Robert Staes, une somme de trois cents florins pour la
fourniture d’une chaîne d’or et d’une médaille aux effigies d’Albert et cl’Isa-
 
Annotationen