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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 27.1883

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Nr. 3
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Gout, Paul: Exploration archéologique de la ville de Saint-Émilion, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24259#0274

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EXPLORATION ARCHÉOLOGIQUE DE SAINT-ÉMILION. 255

mieux apprécier les choses d’art, mais ils sont plus fiers que nous de*
leur possession ; sentiment qu’à notre avis on ne saurait leur reprocher.
Nous nous rappellerons longtemps l’accent de connaisseur convaincu et
d’amateur passionné avec lequel un pauvre diable de cicerone qui nous
faisait visiter Padoue désignait à nos regards les fresques de YArena, le
tombeau du saint patron et les bas-reliefs qui l’environnent dans l’église
Saint-Antoine, le cheval de Donatello et la voûte lambrissée du palais
municipal. Ce malheureux dont les vêtements en lambeaux dénotaient la
profonde misère, parlait de tout cela avec l’enthousiasme et la satisfaction
orgueilleuse qu’on s’attendrait à rencontrer chez le réel possesseur de
toutes ces belles œuvres.

Ce respect, cette vénération des Italiens pour les choses d’art ont fait
qu’ils en ont conservé beaucoup plus que nous. Tandis que nous démo-
lissions, tandis que nous jetions au rebut ou livrions au commerce tout
ce que le classicisme répudiait comme offrant des sujets d’étude dange-
reux ou, pour mieux dire, compromettants pour sa propre existence,
l’Italie, mieux avisée, plus soucieuse de son progrès, plus jalouse des
œuvres de ses enfants et en même temps plus respectueuse envers elles,
l’Italie, disons-nous, conservait précieusement, rassemblait, collection-
nait avec soin des fragments de toute nature, de toute provenance, sans
exclusion d’hommes ou d’écoles. Aussi, grâce à ces collections, à ces
musées et, avouons-le, un peu avec l’aide de la mode, a-t-elle accaparé
les visiteurs et les touristes de l’Europe entière.

Cependant, malgré notre indifférence coupable à l’égard de nos
richesses nationales, une excursion à travers la France permet de juger
combien on perd, sous bien des rapports, à ne pas s’y arrêter plus long-
temps, tant au point de vue des sujets d’étude qu’on ne manque jamais
d’y rencontrer que des découvertes qu’on y peut faire. La'ville de Saint-
Émilion, dont nous nous proposons d’entretenir nos lecteurs, en est un
exemple. Nous gagerions qu'il en est bien peu parmi eux qui aient entendu
parler de cette petite localité autrement que pour faire l’éloge de ses vins.
Nous les étonnerons bien vivement en leur disant qu’il n’est peut-être
nulle part de ville renfermant dans un périmètre relativement restreint un
aussi grand nombre de curiosités de toutes natures. C’est pourquoi nous
nous permettrons de leur conseiller de ne pas aller à Bordeaux sans se dé-
tourner un peu de leur route pour visiter Saint-Émilion. Les amateurs de
pittoresque, ceux qui courent après les impressions, les sites merveilleux
et les tableaux tout faits, les archéologues qui préfèrent étudier les diffé-
rentes formes qu’a revêtues notre art, préciser les dates et rechercher les
souvenirs historiques, tous y trouveront de véritables jouissances artis-
 
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